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La destitution des intellectuels et autres réflexions intempestives
EAN13
9782130741381
Éditeur
PUF
Date de publication
Collection
Intervention philosophique
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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La destitution des intellectuels et autres réflexions intempestives

Puf

Intervention philosophique

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782130741381
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    15.99

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Il fut un temps où l’intellectuel était un écrivain, un savant ou un
philosophe qui intervenait dans les affaires de la cité, au nom d’une autorité
morale fondée sur une œuvre importante, voire considérable, pour rappeler ses
concitoyens ou le pouvoir à leurs responsabilités. D’Émile Zola à Michel
Foucault, en passant par Albert Camus et Jean-Paul Sartre, et quelles que
soient leurs divergences sur le rôle de l’intellectuel, tous correspondaient à
ce modèle. Ce temps est révolu et ce, depuis le milieu des années 1970. Non
qu’il n’y ait plus d’écrivains, de savants ou de philosophes, non qu’il n’y
ait plus d’intellectuels intervenant dans la cité, mais parce qu’il y a
désormais discordance entre les premiers et les seconds. L’œuvre n’est plus ce
qui donne l’autorité. Quelque chose s’est donc passé : la découverte de la
puissance des médias et en particulier de la télévision non seulement sur les
plans de la politique, de la communication et du divertissement mais aussi sur
le plan intellectuel. C’est là que les positions se sont changées en postures.
L’apparence, la semblance, la mimique sont devenues des clés pour entrer sur
la scène publique. L’essentiel n’est plus de faire une œuvre, mais de faire
croire qu’on en a une. Les ego surdimentionnés peuvent cacher la vacuité de
leur pensée. Mais ces intellectuels d’apparat n’ont pu s’emparer de l’espace
public qu’avec la complicité de ceux qui avaient pour fonction de l’organiser
: les journalistes. Ceux-ci sont devenus les voies de passage obligées et des
instances d’accréditation des œuvres et de statuts. Les intellectuels sont
ainsi devenus à leur tour des people comme les autres. Ils fonctionnent selon
la loi générale de la « peoplisation » : plus on vous entend, plus on vous
voit, plus vous êtes célèbre, plus vous êtes célébré, plus vous êtes un grand
écrivain, un grand savant, un grand philosophe. Cette logique de la «
peoplisation » a transformé les intellectuels en marionnettes dérisoires qu’on
écoute éventuellement parce qu’ils ont leur place marquée dans le paysage
audiovisuel. Tout le monde aura compris de qui je veux parler. Il serait de
mauvais goût de ma part de citer qui que ce soit. L’espace public est
désormais aux mains des bateleurs, des pantins à ressorts qui réapparaissent à
chaque fois qu’un malheur frappe. Ils s’alimentent du malheur des autres. Ils
en tirent de la jouissance et de la gloire. L’espace public est désormais
saturé. Il n’y a plus de place pour vous ! D’ailleurs qui vous connaît ? Qui
vous réclame ? Vous ne serez pas entendu ! Ceux qui refusent de se laisser
prendre à ce marché de dupes se retirent silencieusement : ils enseignent,
écrivent, cherchent ou font autre chose en cercles restreints et interviennent
parfois dans la cité, mais localement, loin des grands prédateurs de l’espace
public médiatique.
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