Nanna, ou la vie psychique des plantes

“Pourquoi n’y aurait-il pas aussi, à côté des âmes qui marchent, crient et
mangent, des âmes qui fleurissent et exhalent leur parfum en silence, des âmes
qui assouvissent leur soif par l’absorption de rosée et leurs inclinations par
le bourgeonnement, et qui répondent à une autre aspiration plus élevée par la
recherche de lumière ?” Dans cet extra­ordinaire plaidoyer pour l’âme des
plantes, Fechner se révèle parmi les grands penseurs romantiques du 19e
siècle, qui ont contribué à élaborer une philosophie de la nature où la “voix
de la poésie” s’avère un instrument tout aussi créatif de notre connaissance.
Précurseur d'une idée de nature vivante indissociable de la vie des humains,
ce livre de Fechner nous fait reconsidérer notre rapport à notre environnement
où « rien de ce qui est vivant ne devrait nous être étranger» (comme le dit le
mâle alpha, Victor Mature, à la femelle omega, Gene Tierney, dans Shanghai
Gesture, du juif viennois naturalisé étasunien Josef von Sternberg). Dans la
mythologie nordique, Nanna, déesse du monde des fleurs, était l’épouse du dieu
de la lumière, Baldr (ou Baldur), fils d'Odin, mais le livre ne l'évoque pas
sinon dans le titre. Le livre paraît en même temps que deux autres titres du
même type de Fechner: Anatomie comparée des Anges (suivi de Sur la Danse) et
Le petit livre de la vie après la mort (suivi de Histoire de la maladie). Les
trois petits livres DEVRAIENT être indissociables dans leur mise en place. De
Gustav Theodor Fechner (1801-1887), père de la psycho­physique, qui étudiait
les relations entre les événements physiques et les phénomènes psychiques,
L’éclat a également publié: Anatomie comparée des Anges et Le petit livre de
la vie après la mort, qui constituent avec Nanna, ou la vie psychique des
plantes, un triptyque poético-scientifique, dont l’humour métaphysique n’a pas
échappé au père du Père Ubu, Alfred Jarry, pas plus qu’au grand savant que fut
Henry Corbin.