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Freedom

Jonathan Franzen

Éditions de L'Olivier

  • Conseillé par
    1 novembre 2011

    Voilà un livre qui n’est pas passé inaperçu par les réactions qu’il a suscitées : déception, abandon ou engouement.

    Des années 1970 à 2010, le lecteur suit la famille Berglund et Richard, le meilleur ami des parents.
    Patty est d’abord tombée amoureuse de Richard, chanteur emblématique d’un groupe de rock pour finalement se marier avec son ami Walter. Les contraires s’attirent et si Richard est un tombeur aimant les filles, son ami Walter est un étudiant consciencieux. A vingt ans, Patty, étudiante et basketteuse voit sa carrière se terminer par un accident. Les mois passent et elle se rapproche de Walter ( à défaut de Richard). Plutôt que de retourner chez ses parents avec qui elle ne s’entend pas, le mariage avec Walter lui offre une échappatoire. Quelques années plus tard et deux enfants en plus Joey et Jessica, Patty a tout pour être heureuse mais ne l’est pas. Walter l’adore. Walter le gentil, Walter l’aimable et souriant. Lorsque Joey, adolescent, décide de quitter le toit familial, Patty s’écroule entraînant dans son sillage Walter. Patty avec ses excès, sa démesure de sentiments est la figure pilier de ce livre. Alternant les récits sur chacun des personnages et la truculente autobiographie de Patty (son sens de la répartie m’a souvent régalée), il y a de quoi donner de l’eau au moulin. Mais, ce livre manque à mon goût de surprise. Tout est terriblement prévisible du point de vue de l'histoire et des personnages. ll s’agit du principal reproche que je ferai à ce livre.

    Dans de nombreux romans, la faille du rêve américain et ses laissés pour compte sont mis en avant. Ici, il s’agit d’une société qui est décortiquée. Une société dans son contexte global. Sous plusieurs présidents avec des orientations politiques et en prime une guerre en Irak. Une société avec son économie libérale qui permet à de grands adolescents comme Joey de jouer au Monopoly frauduleux avec de vrais billets de banque et de décrocher gros.

    Alors certes, Freedom est un livre qui n’est pas parfait mais au moins il ne nous dresse pas un beau et grand portait de société et de la famille pour nous faire plaisir. Si certains préfèrent garder leurs œillères, d’autres ont des sursauts de conscience (et quand cette bête se réveille, c’est affreux). Et, la famille Berglung ne passera pas à travers les mailles du filet. Un roman dense qui quelquefois peut donner l’impression de longueurs ou de partir dans tous les sens tant il y a à dire.

    Malgré mes bémols, à aucun moment, je n’ai eu envie de l’abandonner. Un roman largement plus agréable à lire qu’une encyclopédie sur le changement de la société américaine durant ces quarante dernières années...


  • Conseillé par
    5 octobre 2011

    Vite du prozac !

    Chronique d'une famille américaine sur trois décennies, Freedom a eu un succès retentissant aux Etats-Unis (on parle d'un million d'exemplaires vendus), succès qui a rejailli en France aussi. Comment ne pas être tenté de découvrir cet auteur phare ? Même si les quelques 700 pages peuvent intimider, il faut parfois prendre le temps de se poser avec un livre et de le savourer.

    Chronique d'une famille américaine donc, Freedom narre donc toutes les étapes ou presque d'un américain lambda. La vie à l'université, la colocation, puis l'amour, la vie à deux, mais aussi la vie d'une femme à la maison, très desperate ... Aux rêves de la vie estudiantine s'ensuivent les désillusions de la vie quotidienne. Les rêves sont piétinés, et au final on ne ressemble que peu à cet étudiant qui faisait de nous un être à part.

    Portrait d'une famille a priori lisse et sans histoires, ce roman s'attache avant tout à Patty, la mère parfaite par excellence. Toujours souriante, disponible pour ses enfants, femme d'intérieur, mais aussi épouse aux petits soins pour Walter, tout commence bien. Enfin, presque. Parce que Joey, le fils de Patty et Walter, remet un peu trop en question l'autorité paternelle.
    Le retour dans le passé ne fera que prouver l'existence de grumeaux sous ce portrait parfait. A commencer par le couple même ...
    Il s'avèrera que d'un choix (pas si anodin que ça) fait par Patty à une époque découlera toute une vie. La vie des Berglund.

    Voici ce que démontrera cette narration, dissequant en fins lambeaux la vie de Patty. Qu'en reste-t-il ?

    Le narration suit un rythme lent, parfois la longueur des dialogues (et leur platitude aussi, il faut bien montrer l'ennui dans les échanges) donne l'impression que le lecteur assiste en direct à la scène, mais loin de la rendre plus vivante, elle l'enfonce dans cette banalité soporifique.
    Bien entendu, en 30 ans de nombreux changements auront lieu, on ne peut donc nier que la narration recèle de temps à autre une certaine action. Ainsi pour mettre du piquant dans cette histoire, on donne au lecteur la joie de revoir le lieu commun du triangle amoureux, que l'on saupoudre avec un peu de piment en relatant l'abîme qui sépare un enfant de ses parents.

    Certains parleront d'écriture cinématographique, d'autres d'écriture plate et sans relief.

    Qu'il me fut difficile de suivre la vie de cette famille ! Autant l'ennui dans les séries ou dans les films peut être rendu intéressant par un traitement particulier de l'image (le cerveau a de la nourriture à se mettre sous les dents), autant dans un roman, si l'écriture sans relief mime l'ennui des personnages, on a vite fait de s'ennuyer à son tour.
    Et les 700 pages passent très lentement. Au mieux ai-je pu nourrir mon cerveau avec une belle alternance des points de vue. Mais dans la balance, cela ne pesait guère lourd.

    Loin de partager l'enthousiasme de la plupart, ce livre, véritable reflet de notre société contemporaine, ne m'a guère enchantée. Un roman doit au moins susciter un petit intérêt, que ce soit au niveau de la forme ou du fond. Mais lorsque l'écriture sans relief mime l'histoire de cette famille banale, en proie à un ennui profond et désabusé, je ne savais plus trop à quelle branche me raccrocher pour ne pas tomber.