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Conseillé par nymeria7 mars 2012
Dans « Riverdream », George R.R. Martin revisite le thème du vampire, tout en prenant le parti de retourner aux sources même du mythe. Ne vous attendez donc pas à retrouver les poncifs du genre que l’on retrouve beaucoup ces derniers temps, vous seriez déçu. Car « Riverdream » exhale une atmosphère de sueur et de brume particulièrement oppressante, mais incroyablement retranscrite. On respire à plein poumons les vapeurs du Fevre et on descend littéralement le fleuve en compagnie d’Abner Marsh et de Joshua York, les deux protagonistes du roman. Il faut dire que l’action du roman se déroule en grande partie sur le Mississipi, et pas à n’importe quelle époque, puisque c’est l’ère de l’esclavagisme et du bateau à vapeur. L’époque choisie joue d’ailleurs un grand rôle sur l’intrigue, tout comme le lieu en lui-même, étant donné que le Mississipi possède ici une âme à part entière, on peut dire que le fleuve est aussi (voire plus) important que les personnages. Personnellement, j’adore vraiment ce type d’ambiance, personnifiée à l’extrême, l’immersion dans le récit ne s’en fait que plus facilement.
Au demeurant, le roman dispose d’un environnement essentiellement masculin : des marins aux mécanos, en passant par les petites frappes des quartiers mal famées, les femmes sont finalement peu présentes. Il y a aussi les valeurs poursuivies par le personnage d’Abner Marsh, qui sont typiquement viriles : fierté, sens de l’honneur, esprit de compétition, le capitaine ne reculera devant rien pour parvenir à ses fins, soit faire du Rêve de Fevre le vapeur le plus prestigieux de tout le Mississipi. Mais c’est surtout un homme d’une loyauté exemplaire et sa relation avec le ténébreux Joshua York s’avère être le sel de l’intrigue. Les deux hommes que tout opposent, tisseront une relation forte, entre amitié et fidélité, et rarement deux personnages m’auront paru autant charismatiques ! Si Abner Marsh est décrit comme un être laid, mal dégrossi et relativement taiseux (seuls les vapeurs l’intéressent), Joshua est quant à lui l’archétype même du vampire charismatique : beau, raffiné et élégant, il affectionne la poésie. Finalement, j’ai de loin préféré Abner Marsh, qui est un personnage changeant et difficile à cerner, tant il évolue tout au long de l’intrigue. Un de ces personnages bourrus que l’on finit par apprécier. Surtout que c’est quelqu’un de très droit, qui n’abandonne jamais.Mais revenons-en au côté fantastique de l’intrigue qui s’avère inquiétante et sanglante à souhait. George R. R. Martin puise aux origines du mythe vampirique pour nous servir des vampires sans foi ni loi, fidèles à leur « maitre », un être d’un âge si obscur qu’il nous glace d’effroi. Ici, on « saigne » avec plaisir et les mystérieuses disparitions sont nombreuses. Je dois dire que c’est comme ça que je m’imagine les vampires : cruels, imperturbables et hautains. La vision du vampire romantique, très peu pour moi. Ce qui fait que j’ai été conquise par ce roman à l’atmosphère poisseuse et ténébreuse, qui séduit par sa réalisation maitrisée et convint par ses personnages à la psyché fouillée. Un must en terme vampirique.