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Petites vies des grands hommes
EAN13
9782357190139
ISBN
978-2-35719-013-9
Éditeur
TIGRE
Date de publication
Collection
TIGRE (LE)
Nombre de pages
60
Dimensions
16,5 x 10,5 x 0,5 cm
Poids
58 g
Code dewey
920.02
Fiches UNIMARC
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Petites vies des grands hommes

De

Tigre

Tigre (Le)

Indisponible
Malraux mangeant des trognons de choux-fleurs en 1937 à Barcelone, Hemingway traité de « cochon de bourgeois capitaliste » par un mécanicien polonais qu’il provoque en duel, Liszt fumant le cigare dans son appartement du Vatican, Nerval s’enfuyant de la clinique du docteur Blanche en chemise malgré le froid, « car les Lapons ne sont jamais malades »… Petites, les vies de ces grands hommes racontées numéro après numéro dans le journal Le Tigre le sont par le malin plaisir pris à évacuer l’illustre, le grand, l’épique. À la trappe l’empire de Frédéric le Grand, les chefs d'œuvre de Léonard de Vinci, la Recherche du Temps perdu de Proust. Restent les menues choses de la vie, le saugrenu, l’homme dépouillé : l’empereur rabroué par un père qui lui interdit de parler français et l’oblige à lui baiser les bottes, Sade en prison recevant de sa femme un fauteuil « fait de façon que le croupion ne porte pas, because les hémorroïdes ». Tout cela resserré, compressé – car petites, ces vies le sont aussi par le format et le rythme au pas de course. Lætitia Bianchi coupe, ampute, taille joyeusement dans ces existences pleines à l’excès, conserve ce qu’aucun biographe ou dictionnaire n’aurait gardé. La vie défile expresse avec les détails savoureux qu’il en reste, interrompue seulement à la dernière ligne par la mort qui survient toujours, seule certitude. 1961, Hemingway, qui aimait tant les chevelures, se suicide, chauve et en pyjama.
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Un extrait de Petite vie des Grands Hommes

1901, Georges-André Malraux naît. 1915 : André, dans les trains, monte en troisième classe et passe en première après le passage des contrôleurs. 1020 : André mange un boeuf miroton avec Max Jacob. 1921 : André danse (mal) le tango avec Clara, ils se marient, il tire et se fait tirer dessus un coup de revolver à un bal musette. 1922 : Malraux écrit Les hérissons apprivoisés, Ecrit pour un ours en peluche, et Lapins pneumatiques dans un jardin français. 1924 : Malraux vend deux faux Picasso pour financer leur voyage en Asie. Achète des caisses de caractères sans à, é, è, ê, à des jésuites anglais de Hongkong qui serviront à imprimer son journal L’Indochine enchaînée. 1930 : Malraux gribouille un chat sur une lettre à René Lalou, je ne sais guère vraiment ce que je pense de moi-même ; son père se suicide. Malraux parle à Paulhan de son chat Chat-Boum que Clara surnomme Cha-toufu. A Ispahan, Malraux remarque les agneaux teints en rose avec des houppettes. 1933 : Malraux a une liaison avec Josette Clotis à qui il écrit il ne faut pas aller au pôle Nord, si c’est pour voir des poingouins. Comme Josette admire Florence, la fille des Malraux, disant qu’elle en voudrait un comme celui-là, Clara lui lance : Voyez plutôt Roland - le demi-frère d’André. 1933 : Malraux, invité au Congrès des Ecrivains dans la Russie de Staline en proie à la famine, visite le zoo de Moscou et s’enquiert du pain que mange le chimpanzé. Gorki offre une chapka noire à Malraux. 1937 : Malraux est en Espagne ; Malraux tourne un film, il mange des trognons de choux-fleur et de l’ersatz de chocolat avec l’équipe du tournage, il loge au Ritz de Barcelone avec Josette ; Clara loge au Majestic et demande le divorce. Roland, le frère d’André Malraux, trouve que Josette ressemble à un loir, longue, blonde et paresseuse : elle est enceinte. Le fils de d’André Malraux, Pierre, ne porte le nom de Malraux que parce que son frère Roland a accepté de le reconnaître. C’est la Seconde guerre mondiale gastronomique : Josette et André dorment dans une chambre ronde en Corrèze, Malraux aime faire l’amour le matin, nous ne voyons jamais un Allemand, nous souffrons de restrictions, pas de caviar ni de produits Hédiard, mais des omelettes aux truffes fraîches. Roland épouse Madeleine. Malraux est résistant, il parle du gars de Gaulle et du gars Churchill. Les hommes de Malraux fauchent les rations de chocolat vitaminé des Américains. La guerre est finie. Les deux demi-frères de Malraux sont morts. André vit avec Madeleine, la femme de son frère défunt Roland, dans un duplex de Boulogne qu’il aime tellement qu’il a payé dix ans de loyer d’avance. On dit que Monsieur a tout vu, dit Blanche, la cuisinière à qui il parle histoire de l’art, mais il n’a pas vu mon cul. Madeleine achète du thé et du caviar, Malraux ne porte pas les sacs car si le Général porte des paquets, il n’est plus le général de Gaulle. Malraux dit à sa fille Florence que Picasso est un clown. Puis : je te préviens, tous les hommes qui te feront la cour, ce sera pour me rencontrer. Le voilà ministre de de Gaulle. Malraux tente de convaincre un ministre mexicain du fait que la pluie artificielle est un procédé maintenant tout à fait au point. Malraux a de nombreuses crises de palu : il est ivre, bourré de tics, incompréhensible. Malraux explique la peinture de Manet à Jackie Kennedy. 1961 : ses deux fils se tuent dans un accident de voiture. Amphétamines, somnifères, whisky. 1966 : comme il oublie d’envoyer une invitation à Picasso pour sa propre rétrospective au Grand Palais, et que le peintre lui télégraphie Croyez-vous que je sois mort ? il répond Croyez-vous que je sois ministre ? Malraux écrit à De Gaulle, il y a dans le jardin un lapin de garenne apprivoisé, je lui ai conseillé de rester là, pour le cas ou vs reviendriez, Je vous prie d’agr. Mon G, les ass de mon dev. affect. Malraux, en instance de divorce avec Madeleine, propose de couper chaque livre de sa bibliothèque en deux. 1969, Malraux se fait asperger par le peintre Pinoncelli au pistolet à eau ; il l’asperge à son tour. Antidépresseurs, toujours et encore. Malraux parle de Grigri, le chat du Général. Malraux est entouré de Sophie et de Gogo, comtesse de Karolyi, ses démons gardiens. 23 novembre 1976 : Malraux meurt. Sur sa table de chevet de l’hôpital de Créteil, ces mots griffonés : ça devrait être autrement.