Sans emphase, Solene Bakowski conte l'histoire d'Eddy, jeune type solitaire, bien décidé à rester dans l'ombre. Son souhait : jouir d'une certaine tranquillité après des années d'errance. Le sort va en décider autrement, lorsque de vieux souvenirs refont surface, au décès de son père. Celui de la découverte de Rosa, une femme sdf, morte dans la rue. Cette histoire tourne vite a l'obsession, il décide alors de mener l'enquête et de remonter le fil de l'eau pour en savoir davantage. Qui était cette femme ? Des gens la connaissait-elle ? Comment rendre un peu de dignité à cette laissée pour compte et dont personne ne semblait se soucier ?
De fil en aiguille, il se rapproche de personnes l'ayant côtoyé et progressivement une vie se dessine, la hissant au rang des visibles, l'extirpant ainsi de l'anonymat le plus complet.
Sans mièvrerie, l'auteur réussit à nous émouvoir. Le personnage d'Eddy en premier lieu, qui se laisse guider par l'émotion suscitée par la disparition de son père, en se livrant à cette enquête. Comme pour s'amender d'une vie, la sienne, peu tournée vers les autres. L'empathie l'emporte, Rosa (et par ricochet, le père d'Eddy) peuvent partir en paix.

Dès le début du récit flotte dans l’air une tension, qui n’aura de cesse de croître au fil des pages. Jonas Duval part à la recherche d’un père qu’il n’a jamais connu, le conduisant vers une région reculée. Arrivé sur les lieux, il devra composer avec les autochtones, plutôt « brut de décoffrage » et peu enclin au badinage. Il fera pourtant la connaissance de Sam, marin chevronné, bien décidé à lui filer un coup de main. Débute alors un huis-clos à ciel ouvert entre trois personnages que tout oppose. Jonas, l’écrivain en quête de ses racines ; Sam, un homme taciturne et versatile ; Ringo, l’antithèse de son frère Sam, un être sympathique et…inoffensif.
Entre roman noir et roman d’aventures, Tala Yuna capte notre attention du début à la fin sans fausse note.

La vie de Thomas G. Edwards s'écoule confortablement, sans anicroches. Un jour, un évènement notable vient égayer son existence : l'héritage d'un hôtel délabré niché sur une île du Sud de l'Italie. Il décide de s’y rendre…
Un charme suranné émane de ces pages, la prose d'Eleanora Marangoni est plaisante et on se laisser volontiers bercer par cette déambulation onirique. Le personnage de Thomas G. Edwards colle parfaitement avec l’ambiance nonchalante et rêveuse. L’extravagance du lieu et des personnages ne sont pas ostentatoires, mais discrètes. Laissons-nous alors porter...

Une tempête historique, plus virulente que jamais, balaie la Cités des Doges, laissant une ville en ruines. Peu de rescapés, hormis Guido Malezatti, élu conseiller aux affaires économiques de Venise. Ironie du sort, ce « self made man », ancien promoteur, chantre du tourisme de masse, a survécu à cette acqua alta dévastratrice.
Dans cette fable réaliste un brin désabusé, Isabelle Autissier fustige la bêtise et la cupidité de dirigeants peu scrupuleux, menés par une économie cynique et aberrante où les considérations écologiques sont bannies. Dans ce délire consumériste, s’élèvent pourtant quelques voix dissidentes, ici, la fille de Guido, ou encore Livio Scharzi, éminent universitaire. Hélas, n'est-il pas déjà trop tard ?

Rien n’arrêtera Lily Stevens, fille du pasteur, enceinte à 18 ans de son premier enfant. Le père a disparu depuis quelques jours et elle est bien décidée à le retrouver, malgré la réticence de la communauté pentecôtiste dans lequel elle évolue.
Elle devra en braver des obstacles, des costauds méchamment violents aux bigots tartuffes, rien ne lui sera épargné. Mais heureusement pour elle, un allié improbable va surgir et en effet rien ne pourra plus l’arrêter ! Jake Hinson revient avec force avec ce roman percutant où les bons sentiments volent en éclat. Où comment se retrouver seule contre tous (ou presque) devant un parterre de pentecôtistes, sectaires et malveillants.