Face à l'inéluctable
"La mort rôde", tel est le sentiment d'impuissance face à l'inéluctable. Nina Bouraoui livre avec pudeur et sans apprêt les derniers jours de son père, en soins palliatifs. Ce temps évoqué ici est celui d'un temps suspendu, effrayant. La mort rôde, ôtant tout espoir. Ce temps est aussi celui des souvenirs d'un père, qu'elle admire, qu'elle a craint. Un père à la vie si dense, un père parfois absent, un père dont elle ne connaît pas tous les secrets. Un personnage de roman par endroits, un père aimant et précieux sans aucun doute.
Un récit bouleversant. Aucun autre mot semble mieux convenir que celui-là.
Renaissance
Line est hôtesse de l’air et passe son temps entre deux vols et son appartement parisien. Elle vit en couple avec Thomas et tout se passe pour le mieux. Jusqu’au jour où elle est victime du Big One, séisme dévastateur et terrible à Tokyo.
Son compagnon la croit morte et telle une miraculée, elle est rapatriée en France, meurtrie et déboussolée. Elle ne se souvient de rien – si ce n’est des sensations étranges et mortifères. Commence alors pour cette jeune femme un long chemin tortueux, dans lequel elle semble sombrer. Et puis, telle une force vive sortie des limbes, la voilà qui s’accroche, des souvenirs ressurgissent, des drames intimes, enfouis, rejaillissent. Une évasion sur une île, quelque part sur la côte Atlantique, va lui insuffler une énergie nouvelle, une envie d’en découdre peut-être, une envie de vivre très certainement.
Un roman délicat, par endroits poétique, d’une femme dont les souvenirs, si douloureux soient-ils vont l’accompagner et l’aider à surmonter l’indicible.
Une réussite dans le genre
Ils sont neuf. Neuf noms inscrits sur une liste. Chacun d'entre eux la reçoit nominativement. Le compte à rebours peut commencer... car de toute évidence cette liste n'augure rien de bon.
Peter Swanson mène le jeu avec brio, et nous voilà gentiment happés par ce bon vieux policier, pas ramenard, bien ficelé et sacrément prenant.
Un style direct, sans emphase, méticuleux et un dénouement classique avec une petite note jubilatoire concernant un certain Eric. Pour ceux qui le liront, comprendront. À bon entendeur et bonne lecture !
Un polar sinueux et d'atmosphère
Voilà une bien curieuse affaire : Kuraki, un homme sans histoire et sans mobile apparent, avoue avoir tué deux hommes.
Tout semble limpide et pourtant ce n'est pas si simple : son fils Kazuma et Mirei, la fille de l'une des victimes, réfutent cette thèse. S'ensuit une enquête à bas bruit, sinueuse et retorse.
Kuraki est-il l'assassin lucide et implacable qu'il prétend être ?
Keigo Higashino mène le lecteur dans les méandres d'une enquête labyrinthique où chacun semble être le détenteur d'un lourd secret. Le rythme est volontairement lent, l'ambiance pesante, lourde de sens pour finalement prendre un tour plus rapide dans la seconde partie, les révélations se succédant les unes après les autres. Plus alambiqué que fracassant, ce polar-ci intrigue jusqu'à la fin.
Un polar curieux, un polar d'atmosphère, aux antipodes du polar américain, plus viscéral et rythmé. Et voilà la grande richesse du genre.
Vaille que vaille
Et voilà l'infatigable inspecteur Harry Hole de nouveau sur la sellette. Sauf que cette fois-ci, les choses ont changé : démis de ses fonctions, il est maintenant détective privé. Cerise sur le gâteau : il est embauché par le détestable Markus Roed, magnat de l'immobilier suspecté dans une affaire des plus sordides.
Du fil à retordre pour Harry, de retour au pays, obligé de composer avec ses vieux démons. L'alcool n'étant pas le meilleur allié en de telles circonstances. Et pourtant il ne lâchera rien... quelle pugnacité, quelle sagacité l'habitent – et c'est peu de le dire ! Entouré d'une petite équipe bigarrée, de types qui n'ont plus rien à perdre, il va démontrer une fois de plus son ingéniosité.
Un polar sinueux, un rythme allant crescendo, une intrigue corsée, John Nesbo ne nous épargne pas beaucoup. Malgré tous ces heurts, nous voilà happés par la tonalité d'ensemble. Dans cette noirceur se glisse une lueur d'espoir... un retour réussi et fracassant du privé le plus dur à cuire de Norvège.