A 55 ans Rick Bass, écrivain et enseignant, se retrouve seul, isolé dans sa maison du Montana. Sa femme l'a quitté, il est en plein divorce et perd le goût de tout. Pour remettre de l'allégresse dans sa vie, il décide d'entamer un pèlerinage de «gratitude et de générosité» en rendant visite à ses auteurs préférés, ceux qui ont compté dans sa formation d'autodidacte, l'ont encadré au fil des ans. Il a conscience que vu leur grand âge, ses héros et mentors risquent de disparaitre chacun leur tour. Alors accompagné de Lowry et/ou d'Erin, ses étudiantes favorites, il va leur exprimer sa reconnaissance en se rendant chez eux pour leur concocter un bon repas.
En une quinzaine de courts chapitres, Bass relate sa tournée des "grands-ducs" de la littérature américaine, les quelques heures passées autour d'un repas en compagnie de ses écrivains préférés.
Leurs conversations informelles, à bâtons rompus, nous fait entrer dans leur intimité en dévoilant un pan de leur façon d'envisager la vie, l'amour, la nature et bien sûr, l'écriture.
On a l'impression de vivre un moment privilégié en partageant avec eux ces moments de convivialité. Ce carnet de voyage est un régal, même si on ne connait pas tous les auteurs rencontrés car Bass écrit avec beaucoup de vivacité. J'ai tout particulièrement apprécié de pouvoir découvrir ces rencontres en ne suivant pas l'ordre des chapitres. Incapable de contenir ma curiosité, j'ai commencé par l'un des derniers, celui concernant Joyce Carol Oates, et j'ai continué ma lecture en piochant au gré de mes envies. Que du bonheur !
Les Murs et autres histoires (d'amour)
De Vaikom Muhammad Basheer
Traduit par Dominique Vitalios
Zulma
Cet ouvrage regroupe cinq courts textes. Trois sont extraits de recueils de nouvelles, les deux autres (La lettre d'amour et Les murs) ont fait l'objet d'une publication indépendante .
Au fil de ces cinq histoires poétiques ou fantastiques, Vaikom Muhammad Basheer explore avec autant d'humour que de causticité, les voies parfois inattendues ou tortueuses que peut prendre l'amour pour se manifester.
Une délicieuse immersion dans les coeurs, aux parfums et couleurs de l'Inde, pour que "le bonheur vous sourie" et vous envoie de beaux rêves !
Le roman s'ouvre sur le meurtre d'Yithzak Litvak, un historien israélien, auteur d'un ouvrage très controversé démontrant que que les Juifs d'Europe de l'Est descendraient des Khazars et non pas, comme ils le croient, du roi David. Il affirme que, par là même, les palestiniens en seraient les héritiers légitimes. Cette théorie subversive, qui ébranle l'un des fondements de la pensée sioniste en remettant en cause le droit de la diaspora juive à occuper la terre d'Israël, serait-elle à l'origine de la mort de Litvak et de celles qui vont suivre ?
Le commissaire Emile Morkus et ses équipiers chargés de résoudre l'affaire entraînent le lecteur dans une enquête étrangement peu satisfaisante. Ce n'est que 20 ans plus tard qu'elle va connaître un rebondissement inespéré... Je n'en dis pas plus pour vous laisser le plaisir de découvrir toute l'histoire.
En plein coeur de Tel Aviv, entre les murs de l'université et dans les locaux du service de contre-espionnage (le Shabak, plus connu sous le nom de Shin Beth), l'enquête vous emmènera à la rencontre de nombreux personnages qui illustrent bien toute la diversité et la complexité de la société israélienne.
Ce polar politico-historique qui mêle la réalité à la fiction s'avére assez intéressant mais pour être totalement captivé il faudrait faire abstraction des petites faiblesses de l'intrigue parfois un peu nébuleuse, de quelques longueurs et surtout du fait que derrière cette histoire l'auteur ressasse son thème de prédilection, à savoir que l'histoire du peuple juif telle qu'on la connait n'existe pas. On appréciera ou pas ce point de vue.
L'écriture d'un polar facile à lire permet à Shlomo Sand non seulement d'exprimer ses opinions en critiquant certains aspects de la politique et de la mentalité israéliennes mais aussi de populariser ses idées déjà largement développées dans des essais souvent jugés trop indigestes par bon nombre de ses lecteurs.
Voilà un roman pas banal qui ne peut pas laisser indifférent.
Après une longue absence, Vieux Os revient sur son île natale qu'il avait du quitter précipitamment pour fuir les tontons macoutes. Il redécouvre les parfums et les couleurs d'Haïti, retrouve sa famille et ses amis, portant sur ce qui l'entoure un regard neuf. Il se demande si au cours des vingt années passées en Amérique du Nord, il ne serait pas devenu étranger à son pays d'origine. Il décide alors d'entreprendre une quête intérieure au-delà de ce qu'il a gardé en mémoire depuis son départ et qui touche à la fois à l'identité, la culture, la spiritualité, la langue et la logique de l'âme haïtienne.
Mettant dos à dos deux mondes, le pays réel et le pays rêvé, Pays sans chapeau entremêle dans un jeu captivant l'ici et l'ailleurs, la certitude et le doute, le réel et l'imaginaire. Au fil des pages, la frontière entre les mondes devient poreuse pour finir par se dissoudre. Dans cette étrange histoire de revenant(s), Dany Lafferière affirme qu'Haïti serait devenue un immense cimetière, un pays où tout le monde est mort sans le savoir. Un pays de zombies, de créatures que l'on ne peut plus distinguer des vivants mais qui ne meurent pas malgré le manque d’eau et de nourriture et ne s'écroulent pas quand on leur tire dessus...
Bien que l'auteur ne l'exprime pas clairement, je présume que ces zombies symbolisent ceux que des années de dictature ont vidés de leur substance vitale et doivent encore supporter l'oppressante occupation postcoloniale américaine.
" Tous les haïtiens ont un dictateur et un dieu vaudou qui dansent dans leur tête."
L'auteur évoque des souvenirs pénibles de son enfance vécue dans un milieu extrêmement défavorisé où certains concepts tels que le respect et la tendresse n'existent pas. La pédagogie et la culture encore moins ! La norme y est toute autre...
Cependant, la gamine dotée d'une forte capacité de résilience va savoir saisir sa chance pour sortir de la crasse intellectuelle et morale dans laquelle sa famille l'enferme. Cette chance se présente sous la forme placement en foyer de l'aide sociale à l'enfance puis en famille d'accueil qui lui permettent d'échapper à un "presque père" incestueux et une mère complice.
Lire puis écrire vont lui donner la force de devenir la femme qu'elle est aujourd'hui. Une rescapée du champs de ruines qu'a été son enfance, une femme forte devenue professeur de français et romancière talentueuse qui utilise la littérature pour réparer ses blessures. Un parcours atypique qu'elle dévoile sans fard, avec autant de rage que de courage.
C'est un tout petit livre par son nombre de pages mais puissant par ce qu'il dégage de force émotionnelle.