Micha fut garçon d’honneur lors du mariage d’Adela avec son oncle à Tel Aviv, puis partit vivre en Amérique. 20 ans plus tard, Adela le convoque et le passé resurgit.

L’histoire débute avec un mariage traditionnel israélien, arrangé bien que non motivé par des considérations financières.

Le contraste entre le manque de compassion de la famille et le rapprochement entre les deux protagonistes est au cœur du récit offrant un soutien face au mépris.

Le roman offre une lecture agréable, particulièrement captivante dans sa seconde moitié, où Adela partage avec Micha les tumultes de sa vie et l’évolution surprenante de sa créativité.

Cependant, le lecteur peut rester sur sa faim quant aux sentiments peu exprimés du jeune homme, laissant planer un manque émotionnel inapproprié face à l’importance du sujet abordé.

« L’enfance quittée précipitamment, enterrée trop tôt afin qu’elle ne m’empêche pas de me fondre dans l’identité américaine, cette enfance qui refusait de s’en aller et continuait à exister dans l’obscurité profonde envoie un frisson d’agitation dans ma nouvelle vie »

États italiens du XVIIᵉ siècle.
Orso assiste au martyre de sa mère accusée de sorcellerie. Orphelin, il est recueilli par des moines et devient un artiste talentueux de ses mains, « de son bel esprit, la science profuse ».

Malgré les tourments des guerres, de la famine, de la peste et des rencontres malheureuses, Orso demeure animé par une quête obsessionnelle : retrouver le corps de sa mère pour lui offrir la sépulture qu’elle mérite.
Le lecteur l’accompagne de couvent en ghetto, participant ainsi à une aventure initiatique captivante, portée par une écriture dense, poétique et instructive.

Une longue errance ponctuée d’embuches, bravée avec détermination pour dénoncer injustice et persécutions.

« Après les images qu’il n’avait pas su retenir, ses rêves l’avaient abandonné, l’insouciance avait disparu. Au bout de ses nuits, il ne restait que la terre craquelée des ruelles, les fleuves en fuite, et la pierre des églises »

Les ruminations d’une jeune femme après une rupture qui ressasse ses échecs depuis l’enfance.
En alternance, le récit donne la parole à son hippocampe, petite zone du cerveau responsable de la mémoire et des apprentissages.
Comment s’extraire d’un chagrin d’amour, entouré d’une mère pleine de sermons, d’un père pasteur, d’un psy inefficace, d’une amie fidèle ?....

Cette écriture inhabituelle, très serrée, est un peu déroutante, faite de monologues pittoresques et poétiques. Certes, la philosophie s’accompagne d’un humour pertinent et aiguisé, faisant place à une longue introspection, les parties du corps et des errances amoureuses.

Un terrain d’observation profond mué en un roman espiègle.

« En plus, je pense que c’est très trompeur de s’appeler Joy, quand on a tellement de problèmes, imagine-toi t’appeler Joy et devoir prendre la pilule du bonheur, c’est tout un paradoxe »

« …Et je traîne derrière moi, à chaque fois que je bouge, vos angoisses et vos éclats de rire accumulés »

Les trois personnages réunis dans ce roman avancent ensemble, tels des mousquetaires, fuyant la misère et la guerre, prêts à tout pour se protéger de leurs poursuivants et de leurs rencontres funestes.
Gio, 20 ans, au crâne fissuré, devient un géant qui cogne et gribouille des choses étranges à la craie.
Papillon, 11 ans, muet, est un tueur impitoyable dans un corps de môme, en voie de guérison de sa sauvagerie.
Dolores, 16 ans et 87 jours, pas de nom, pas de parole, possède la beauté qui la condamne à être une proie pour les hommes.

À travers son récit, Dimitri Rouchon-Borie confronte la bonté de ce trio avec la violence qui les entoure, juxtaposant l’espoir d’une vie meilleure à la cruelle réalité qui ponctue leur chemin.
Leur solidarité et leur humanité suffiront-elles pour forger leur résilience ?

Un périple bouleversant et tragique, servie par une écriture abrupte où l’horreur se pare de poésie et de sentiments.
Talent à découvrir.

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« Je suis Gio et j’ai perdu la moitié de moi dans une bagarre pour rien, mais je n’en veux à personne »

« Dolorès, c’était un voyage à la mer chaque minute »

Après une apocalypse prévisible, une famille fortunée et un couple d’employés chiliens se retrouvent seuls, rescapés, sur une île déserte éloignée du reste du monde.
Dans ce sanctuaire soigneusement anticipé par le père, tout est organisé, rien ne manque.

Ce huis clos à quatre voix, agrémenté de flash-back, permet l’analyse des différents protagonistes et de leurs réactions face aux aléas de cette nouvelle vie, cette solitude, cette perte de perspective. Tous contrastent avec la simple nature qui les entoure où la fuite est impossible, où il faut s’installer dans l’incertitude d’un futur.

L'écriture est limpide et efficace pour enchaîner les confidences et les tensions qui s’installent, ainsi qu’un drame en gestation.

Ce roman traite de la fin des temps et du destin ultime de l’humanité, mêlant éléments comiques et tragiques, jusqu’à un dénouement inattendu.
Survivance addictive.