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    2 décembre 2018

    Quand les nuages suivent les corneilles

    Ce qu'en dit Martine Landrot de Télérama :

    À travers l’existence chahutée d’un être qui pourrait lui ressembler, le romancier suisse démontre avec brio que l’humour est un remède à la bêtise.

    Lire avec les coins de la bouche relevés jusqu’aux oreilles est une occasion suffisamment rare pour qu’on ne la laisse pas passer. Que se réjouissent ceux qui avaient déjà goûté la subtile ironie de Matthias Zschokke dans ses "Trois Saisons à Venise", journal tenu en résidence d’écriture : sa nouvelle salve de confidences est encore plus jubilatoire, portée par cette nonchalance mordante dont il a le secret. L’auteur suisse se cache à peine derrière un certain Roman, graphomane peaufinant des courriers savamment effilés, à sa mère pressée d’en terminer avec l’existence, à sa tante d’Amérique spécialiste en mobilier funéraire et en brûlures d’estomac, à son ami B. toujours soucieux du soin de ses pieds pour n’être pas pris au dépourvu le jour où il finira sous un drap trop court de la morgue. Il ne s’agit pas pour autant d’un volume de correspondance, Matthias/Roman étant la plupart du temps en conversation avec lui-même, aux prises avec une lucidité aiguë et un sens du détail qui décuplent sa volubilité cérébrale et l’empêchent de profiter paisiblement de l’existence.

    Ses observations donnent lieu à des maximes mélancoliques (« On ne peut que souhaiter à chacun d’être assez borné pour se considérer soi-même comme supportable ») ou malicieuses (« Une petite opération, c’est celle qui est pratiquée sur quelqu’un d’autre »), à l’image de son autodérision flegmatique. Faisant feu de tous ses complexes et désenchantements, de toutes ses angoisses et contradictions, sa plume crépite d’in­telligence. Digne héritier du Flaubert « furieux et grincheux » qu’il évoque avec son ami B., Zschokke s’agrippe à une seule certitude : l’humour est un baume infaillible pour calmer l’allergie à la bêtise.