- EAN13
- 9782259267304
- Éditeur
- FeniXX rédition numérique (Plon)
- Date de publication
- 1959
- Collection
- Tribune libre
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
6 février 1934... 13 mai 1958. L’opinion publique, qui a tendance à tout
simplifier à l’extrême, s’étonne qu’à vingt-quatre ans de distance, des
événements qui semblent présenter d’aussi étranges similitudes n’aient pas
provoqué des répliques et des réflexes semblables, alors que le danger
paraissait le même. C’est sans doute qu’aujourd’hui, le choix n’est plus entre
la réaction et le front populaire. Qu’est-ce qui a changé ? Les masses qui ont
élu la première Assemblée de la Ve République aspirent à un ordre nouveau
auquel elles entendent collaborer et dont elles doivent être, en contrepartie,
les bénéficiaires. Elles ont compris qu’une révolution peut s’accomplir sans
émeutes, sans qu’on fasse table rase, et qu’elle peut s’exprimer sur un long
délai de temps, chaque jour, dans le travail, dans la continuité d’un pouvoir
sage, qui cesserait enfin d’être soumis aux mouvements passionnels d’un
parlement en vase clos. Ne seraient-ce pas là les prémices de ce gouvernement
des choses dont Saint-Simon a annoncé qu’il remplacerait un jour le
gouvernement des hommes ? Le monde bouge : c’est la France qui lui a donné le
branle, et c’est elle pourtant qui semble en retard. Crise étrange que celle
dont elle est atteinte : ses forces morales demeurent intactes, ses richesses
matérielles sont immenses, son équilibre économique est à peu près assuré, son
équilibre social ne paraît pas sérieusement menacé. Ce pays aurait-il pris la
liberté pour le désordre ? Pourtant rien ne l’empêche d’entrer sans peur dans
l’ère des métamorphoses. D’un pays de vieux, la France est redevenue un pays
de jeunes. Si elle sait s’accommoder de l’indépendance des peuples d’Outre-
Mer, elle est en voie de reprendre le rang qu’elle mérite : celui d’une des
communautés les plus riches parmi les nations de moyenne grandeur.
simplifier à l’extrême, s’étonne qu’à vingt-quatre ans de distance, des
événements qui semblent présenter d’aussi étranges similitudes n’aient pas
provoqué des répliques et des réflexes semblables, alors que le danger
paraissait le même. C’est sans doute qu’aujourd’hui, le choix n’est plus entre
la réaction et le front populaire. Qu’est-ce qui a changé ? Les masses qui ont
élu la première Assemblée de la Ve République aspirent à un ordre nouveau
auquel elles entendent collaborer et dont elles doivent être, en contrepartie,
les bénéficiaires. Elles ont compris qu’une révolution peut s’accomplir sans
émeutes, sans qu’on fasse table rase, et qu’elle peut s’exprimer sur un long
délai de temps, chaque jour, dans le travail, dans la continuité d’un pouvoir
sage, qui cesserait enfin d’être soumis aux mouvements passionnels d’un
parlement en vase clos. Ne seraient-ce pas là les prémices de ce gouvernement
des choses dont Saint-Simon a annoncé qu’il remplacerait un jour le
gouvernement des hommes ? Le monde bouge : c’est la France qui lui a donné le
branle, et c’est elle pourtant qui semble en retard. Crise étrange que celle
dont elle est atteinte : ses forces morales demeurent intactes, ses richesses
matérielles sont immenses, son équilibre économique est à peu près assuré, son
équilibre social ne paraît pas sérieusement menacé. Ce pays aurait-il pris la
liberté pour le désordre ? Pourtant rien ne l’empêche d’entrer sans peur dans
l’ère des métamorphoses. D’un pays de vieux, la France est redevenue un pays
de jeunes. Si elle sait s’accommoder de l’indépendance des peuples d’Outre-
Mer, elle est en voie de reprendre le rang qu’elle mérite : celui d’une des
communautés les plus riches parmi les nations de moyenne grandeur.
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