Faire écologie ensemble

« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge
de la vie. » Cette affirmation du romancier Paul Nizan voici près d’un siècle
n’a peut-être jamais été aussi vraie : en France, 75 % des 18-30 ans jugent
ainsi l’avenir effrayant en raison du changement climatique et de ses
conséquences. Non seulement les jeunes seront dans la force de l’âge en 2050,
date de bascule évoquée sur cette question, mais ils et elles assistent déjà à
la multiplication de phénomènes tels que les canicules et les sécheresses,
preuves s’il en est que la crise climatique était prévisible… Or, nous sommes
aujourd’hui dans une « drôle de transition », annoncée mais pas encore
débutée, coincée entre la prise de conscience et l’action, qui nous enferme
dans un pénible entre-deux de l’histoire. Dans cette période de floue, une
guerre des générations se fait jour entre des boomers qui minimisent, voire
nient l’ampleur de la catastrophe climatique, et de jeunes militants
écologistes, souvent taxés d’impatience ou d’extrémisme, alors qu’ils
s’appuient sur le consensus scientifique pour mener à bien leurs initiatives.
Militante de la Génération climat, Léa Falco démontre dans ce court essai à
quel point ce clivage générationnel, entretenu par les médias mainstream,
accable la jeunesse en lui faisant porter le poids de l’avenir tout en
ignorant ses revendications, et permet aux décideurs économiques et politiques
de maintenir un business as usual mortifère. Ainsi émerge une « écologie par
défaut », selon laquelle le dérèglement climatique ne serait qu’un horizon à
subir, alors que le temps est bien venu d’une écologie de combat. Née en 1999,
Léa Falco est diplômée de Sciences Po Paris et porte-parole de Pour un réveil
écologique, collectif regroupant plusieurs milliers d’étudiants qui souhaitent
accélérer la transformation écologique dans l’enseignement supérieur et les
entreprises (23 500 abonné.es sur Twitter). Chroniqueuse pendant un an dans
l’émission « Les Grandes Gueules » sur RMC, elle enchaîne depuis les
interventions publiques, auprès des médias mais aussi lors de colloques et de
congrès, et est très suivie sur les réseaux sociaux (plus de 5500 abonné.es
sur Twitter). Depuis septembre, elle s’occupe de la création d’une formation
en ligne sur le climat destinée à 500 000 agents de la fonction publique,
mission qu’elle mène à l’École des Ponts ParisTech, sous la tutelle du
ministère de la Transition écologique. Pour une écologie de combat est son
premier essai.