- EAN13
- 9782381910611
- Éditeur
- Anamosa
- Date de publication
- 26/01/2023
- Collection
- Sensibilités
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Insensibilités - N° 11
Yassin Al-Haj Saleh, Anne Carol, Olivier Christin, Céline Curiol, Georges Didi-Huberman, Jérémie Foa, David Le Breton, Chowra Makaremi, Claire Marin, François-René Martin, Yoann Moreau, Sandrine Musso, Kerstin Maria Pahl, Alix Philippon, Romain Pudal, ...
Anamosa
Sensibilités
Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9782381910611
- Fichier EPUB à mise en page fixe, avec Marquage en filigrane
14.99
Autre version disponible
-
Papier - Anamosa 23,00
Le partage du sensible suppose aussi un partage de l'insensible, une
insensibilité dont la définition et la valorisation varient selon les moments,
les individus et les sociétés. De fait, observer le social au prisme de
l'insensibilité s'avère ainsi d'une stimulante et déconcertante fécondité, en
temps de grande anesthésie générale.
Qui veut éclairer les ressorts sensibles de la vie sociale doit affronter un
jour ou l'autre le vaste continent de l'indifférence, de la désaffection, de
l'absence de sentiment. Ce numéro anniversaire de Sensibilités lui en donne
l'occasion. En rappelant, d'abord, que le contraire de l'émotion n'est pas
tant la raison que l'insensibilité précisément : aux êtres comme aux choses.
Et l'on songe ici à ces indifférences logées au creux du quotidien. Celles qui
se sont installées dans nos vies face à l'incessant chaos du monde, dans nos
rues au contact de la misère sociale et affective, au sein de mégalopoles
travaillées par la montée de l'individualisme. Mais cette puissance
d'inattention trahit aussi, outre nos refus de voir et nos lâchetés partagées,
l'anesthésie d'une sensibilité sur-sollicitée par l'information continue.
Observer l'insensibilité, c'est aussi entrevoir d'autres formes de
sensibilités, parfois plus aiguës, plus intenses. L'insensibilité d'ailleurs,
loin d'être seulement subie, peut être aussi désirée. Elle relève alors d'un
travail, d'un façonnement des esprits et des conduites. Qu'il s'agisse des
techniques d'endurcissement enseignées dans les casernes, de la distance
émotionnelle minimale nécessaire aux soignants à l'hôpital ou encore de la
surdité des savants à la souffrance animale dans leurs laboratoires. Plus
paroxystique encore : celle de l'ascète, qui s'élève grâce à la négation de
son corps ; celle du bourreau, qui ne s'exécute qu'en voulant congédier
l'émotion.
L'insensibilité, degré zéro de la sensibilité, vraiment ?
insensibilité dont la définition et la valorisation varient selon les moments,
les individus et les sociétés. De fait, observer le social au prisme de
l'insensibilité s'avère ainsi d'une stimulante et déconcertante fécondité, en
temps de grande anesthésie générale.
Qui veut éclairer les ressorts sensibles de la vie sociale doit affronter un
jour ou l'autre le vaste continent de l'indifférence, de la désaffection, de
l'absence de sentiment. Ce numéro anniversaire de Sensibilités lui en donne
l'occasion. En rappelant, d'abord, que le contraire de l'émotion n'est pas
tant la raison que l'insensibilité précisément : aux êtres comme aux choses.
Et l'on songe ici à ces indifférences logées au creux du quotidien. Celles qui
se sont installées dans nos vies face à l'incessant chaos du monde, dans nos
rues au contact de la misère sociale et affective, au sein de mégalopoles
travaillées par la montée de l'individualisme. Mais cette puissance
d'inattention trahit aussi, outre nos refus de voir et nos lâchetés partagées,
l'anesthésie d'une sensibilité sur-sollicitée par l'information continue.
Observer l'insensibilité, c'est aussi entrevoir d'autres formes de
sensibilités, parfois plus aiguës, plus intenses. L'insensibilité d'ailleurs,
loin d'être seulement subie, peut être aussi désirée. Elle relève alors d'un
travail, d'un façonnement des esprits et des conduites. Qu'il s'agisse des
techniques d'endurcissement enseignées dans les casernes, de la distance
émotionnelle minimale nécessaire aux soignants à l'hôpital ou encore de la
surdité des savants à la souffrance animale dans leurs laboratoires. Plus
paroxystique encore : celle de l'ascète, qui s'élève grâce à la négation de
son corps ; celle du bourreau, qui ne s'exécute qu'en voulant congédier
l'émotion.
L'insensibilité, degré zéro de la sensibilité, vraiment ?
S'identifier pour envoyer des commentaires.