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Etat colonial, noblesse et nationalisme à Java - La Tradition parfaite
EAN13
9782811121754
Éditeur
Karthala
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Etat colonial, noblesse et nationalisme à Java - La Tradition parfaite

Karthala

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782811121754
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    30.99

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La formation de l'Etat à Java, du XVIIe au XXe siècle, est inséparable de
celle de la noblesse de robe des priyayi. L'exercice de l'autorité en est venu
à se dire et à se vivre dans les termes propres à la façon priyayi de se
penser et de penser le monde social. La relation de domination s'est énoncée
selon un langage mystique. Celui-ci pose l'existence d'un envers invisible du
réel, et donc d'une manière spécifique d'acquérir et de mettre en œuvre, par
la pratique de l'ascèse, un pouvoir sur soi et sur autrui. Les scribes des
palais ont élaboré une "vision" de Java comme ordre social idéal, comme
domaine moral inaltérable. Ils ont affirmé l'existence d'une "façon javanaise"
de (bien) faire les choses: une "tradition parfaite" enserrant la vie sociale
dans une litanie de règles de conduite, porteuses d'un rapport particulier de
soi à soi. C'est sur cette " vision " de Java que les premiers hérauts du
nationalisme anticolonial, en majorité issus du milieu priyayi, ont pris appui
pour doter la nation à naître d'une théorie antidémocratique de l'Etat. Mais
pour que le Java éternel des poètes de cour devienne la condition du discours
nationaliste, il fallait que le langage de la "tradition parfaite" cesse
d'être une illusion collective et soit passible d'usages proprement
instrumentaux. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'Etat colonial
néerlandais en Insulinde était devenu producteur et certificateur d'un "
savoir sur Java ". Concurrençant l'imaginaire de la "tradition parfaite", ce
dernier avait permis aux priyayi de développer un rapport réflexif et
stratégique à leur propre trajectoire identitaire. Cherchant à lutter contre
cette représentation coloniale de Java, mais aussi à se la réapproprier, les
priyayi se sont alors assujettis à leur règle morale sur un mode inédit.
Auparavant, il n'était possible que d'être priyayi. Il était maintenant
possible de le paraître, de jouer à l'être. A travers l'histoire de la
constitution morale de la noblesse de robe des priyayi, et bien au-delà du
seul cas javanais, cette somme magistrale renouvelle la recherche sur la
situation coloniale, l'historicité de l'Etat, la contingence du nationalisme
et la subjectivité politique. Romain Bertrand est chargé de recherche à la
Fondation nationale des sciences politiques (CERI). Après avoir consacré ses
premières recherches à l'historicité de l'Etat colonial à Java et à la société
politique indonésienne, il a étendu ses travaux à la Malaisie. Il a publié
Indonésie: la démocratie invisible (Karthala, 2002) et co-dirigé (avec
Emmanuelle Saada) un numéro spécial de la revue Politix sur " L'Etat colonial
" (2004). Il prépare actuellement un ouvrage sur Islam et politique en
Indonésie (à paraître chez Perrin) et co-dirige, en collaboration avec
Christian Lechervy, une Histoire politique de l'Asie du Sud-Est (à paraître
chez Fayard). Membre du comité de rédaction de Politix, il est co-responsable
du Groupe d'analyse des trajectoires du politique au CERI.
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