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Où la chanson va
EAN13
9782889072002
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
DOMAINE FRANCAIS
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Où la chanson va

Zoé

Domaine Francais

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782889072002
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    9.99

  • Aide EAN13 : 9782889072019
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    9.99

Autre version disponible

L’auteur m’expliquait dans un mail à propos de Où la chanson va: « Pour moi,
dans les grandes chansons, les grands morceaux, il y a quelque chose en plus
que ce que l'auteur/compositeur pensait y mettre, une semence qui lui échappe.
Dans Où va la chanson, je propose une façon de faire grandir cette semence-là,
une façon d'aller voir où la chanson va. » La musique est pour Sébastien
Ménestrier une alliée, comme une amie, qui, alors qu'il était malade, l’a tiré
d’un très mauvais pas. Il se sent depuis protégé par elle. Les personnages de
ce livres sont inspirés tour à tour par une chanson de Nick Cave ou de Nina
Simone, par la vie d’un chanteur (Bashung, Amy Winehouse, Gershwin), par un
solo de flûte dans une symphonie de Brahms... Ses protagonistes prennent corps
avec une sorte de grâce austère très proche celle qu'on trouvait dans la prose
poétique du Chant de Shilo. Sous l’emprise de l’alcool ou de la solitude,
d’une fascination pour une star ou pour une simple voisine inatteignable, ces
solitaires ou mauvais garçons racontent leurs histoires de marginaux,
violentes, hyper sensibles et souvent d’une infinie tendresse. Ces neuf
histoires sont inspirées de Bashung, Thom Yorke, Bartók, Brahms, Gershwin,
Nina Simone, Babx, Amy Winehouse et Nick Cave. La force de Sébastien
Ménestrier réside dans la simplicité de sa langue poétique qui raconte des
intériorités à vif. Sa musique à lui, sa langue, est envoûtante. Son regard
sur le monde a une sorte de modestie, de pudeur timide, comportant autant de
douceur que de violence. 3 extraits: Prologue: Besançon, 24 janvier 2021
J’étais en danger quand j’ai commencé ce livre. C’était l’été, il faisait
chaud. Mon garçon et ma fille étaient si beaux avec leur peau dorée, nous
étions sur le sable mouillé et je voulais m’enfuir. Le danger me séparait.
J’ai pris leurs mains et nous sommes allés dans les vagues, je ne voulais pas
tomber. Le danger a un nom pour moi, l'anxiété. Être si près de ne plus
pouvoir faire un pas, de ne plus dire un mot, jamais. S'effacer. Alors j’ai
commencé à écrire ces histoires sur la musique car la musique est une amie,
elle allait m'aider. Elle est avec moi depuis cette nuit de mes douze ans où,
seul à la maison, je me suis remis au piano. Je l’avais quittée, je ne l'avais
pas comprise. Je l'ai retrouvée. J’ai joué cette nuit-là et je n’ai plus
arrêté. La musique n’est pas l’écriture, elle ne fait pas mal. Pas de combat.
Si elle disparaît des semaines elle ne me tuera pas. J’ai commencé ces
histoires où elle serait là, je l’ai suivie, et ces histoires m’ont ramené au
danger. C’est lui que mes personnages affrontaient. On ne sait jamais avec le
danger si on va s’en tirer. On ne peut que marcher et prier. Alors j’ai été à
leurs côtés pendant qu’ils marchaient et priaient, j'ai comme eux marché et
prié. Je m’en suis tiré. Aujourd’hui j’ai des semaines de paix devant moi.
C’est un dimanche d’hiver, j’ai un peu froid, j’aurais dû plus m’habiller. Je
monte en haut d’une colline avec ma fille et mon garçon, avec ma rousse
ambrée. Ils sont très beaux. Je ne vais pas tomber. Bashung: Ma maison est à
la lisière des bois. Je l'ai retapée seul, elle est bien pour moi. J'y ai ma
chambre et mon salon, tout est petit. Dans ma maison on est à l'abri, on est
très loin, même si en coupant à travers bois on est assez près des premiers
voisins. Ma maison est un terrier, c’est ce qu’il fallait à Alain. Ça faisait
un moment que j’avais pas pris soin de quelqu’un. J’ai fait du café, j’ai
beurré des biscottes, mis de la confiture dessus. J’ai allumé un feu. Le froid
me dérange pas, mais pour Alain j’ai fait un grand feu. Il était fatigué, un
oiseau dont je devais m’occuper. Ça m’était arrivé une fois quand j’habitais
en ville, j’avais trouvé un moineau blessé dans un parc. Je l’avais mis dans
mon chapeau et je m’étais assis sur un banc. J’avais un livre aussi mais
j’arrivais plus à lire. C’était l’après-midi. J’avais caressé la tête de
l’oiseau un moment, et puis il s'était envolé malgré son aile abîmée. C'était
bien. Alain a trempé ses biscottes beurrées dans son café, il mangé toutes
celles que je lui avais préparées. Il a enlevé son blouson en cuir parce qu’il
faisait chaud maintenant et puis on a fumé. Il m’a demandé depuis combien de
temps j’habitais là, ça faisait deux ans. Il est allé dans la chambre après,
il a enlevé ses chaussures. Il s’est vite endormi. Je l’ai regardé un moment
et puis je suis retourné au salon. J’ai fouillé les poches de son blouson,
pour voir. J’ai trouvé six cent francs, des clés, du tabac et une lettre
écrite à la main. Une fille lui demandait de faire attention à lui, de ne pas
brûler. Elle avait écrit ça, ne brûle pas. J’ai lu la lettre trois fois et
j’ai tout remis dans ses poches. La méthode d’inspiration de Bartók est
sujette à discussion, vole-t-il avec son phonographe les villageois qu’il fait
chanter ? Après le repas il est redescendu au village. Il est entré dans les
maisons des très vieilles femmes, il avait son phonographe. Il a commencé à
prendre, à écouter. Puis il est allé sur la place et femmes et enfants se sont
assis devant lui. Alma et Magda à côté de moi, notre mère plus loin. Le
silence s’est fait. L'étranger a pris la main d'Ania, lèvres rouges et yeux
clairs, elle venait de se marier. Il l'a menée devant nous. Il s'est mis à
genoux, son pantalon noir dans la poussière. Amy Winehouse Elle a seize ans et
elle sait depuis peu qu'elle a une voix, que les chanteuses qu'elle admire
sont là, tout près. Qu'elle va chanter elle aussi. Elle est humble et sans
limite. Sébastien Ménestrier est né en 1979. Il est pianiste et compose pour
le spectacle vivant (théâtre, danse). Il est également professeur des écoles,
et anime des ateliers d’écriture à destination de collégiens. À l’adolescence,
il est encouragé par Richard Bohringer, qui lit ses premiers poèmes dans une
émission radiophonique. Ses admirations pour Pierre Michon et William Faulkner
ont nourri, et nourrissent encore, son appétit d’écrire. Pendant les combats
(Gallimard, 2013) a été finaliste du prix Goncourt du Premier roman.
Bibliographie : – Pendant les combats, Paris, Gallimard, 2013 Sélection
Goncourt du premier roman 2013. Lauréat du festival du premier roman de
Chambéry 2014. – Le Suivant, Buchet-Chastel, 2017 – Le chant de Shilo, Zoé,
2022
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