Hôtel Majestic

Le Major Archer, rescapé de la Grande Guerre, débarque en Irlande au cours de l'été 1919 pour y retrouver sa " fiancée ", Angela, dont il a fait la connaissance lors d'une brève permission trois ans plus tôt. A l'hôtel Majestic, cependant, immense château qu'administre Edward, le père d'Angela, il ne reçoit pas l'accueil auquel il s'attendait: sa fiancée paraît distante, et les personnages qui l'entourent, frappés d'inertie ou de douce folie. Dans la pénombre de la luxuriante palmeraie couverte, le Major, peu à peu contaminé par l'insidieuse atmosphère d'attente où tout propos, toute velléité d'action s'enlisent dans le silence, a du mal à résister à la fascination qu'exercent sur lui le château et ses occupants: Edward, incapable de comprendre les bouleversements qui s'opèrent autour de lui, ses filles, des jumelles aussi perverses qu'elles sont jolies, Ripon, désespoir de son père, un dernier carré de pensionnaires septuagénaires errant de pièce en pièce, des hordes de chats. Et puis il y a Sarah, une jeune invalide au caractère imprévisible et au pouvoir de séduction certain... Dehors, une guerre féroce oppose les partisans nationalistes aux tenants de l'union, tandis que des quatre coins de l'Empire parviennent les échos de luttes tout aussi implacables. C'est avec un humour certes teinté de noir mais d'autant plus corrosif que Farrell nous introduit dans cet univers crépusculaire, instable, où chaque personnage, prisonnier de sa classe, de sa caste ou de sa religion, assiste à l'écroulement de l'ordre ancien _ thème cher à l'auteur du Siège de Krishnapur _ sans savoir si le prochain pas le mènera au seuil d'un monde meilleur ou le précipitera vers le chaos. Né à Liverpool en 1935, mort noyé en Irlande en 1979, J.G. Farrell a passé une grande partie de sa vie à voyager, en Europe et en Extrême-Orient. Hôtel Majestic, publié en 1970, inaugurant ce que les critiques ont appelé sa " Trilogie de l'Empire ", a obtenu le Faber Memorial Prize.