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Betty D.

Conseillé par (Libraire)
17 août 2015

Figure du père

Roman abrupt et cathartique : une urgence , un seul souffle narratif. Et pourtant, le lecteur reste stupéfait devant tant de maîtrise intérieure, de blessures intériorisées et découvre ce texte longtemps porté, réfléchi comme s'il avait été déjà là bien avant les précédents romans. La figure du père omniprésente, traumatisante et intacte. Sorj Chalandon ne juge pas, il dévoile intimement l'art de la séduction, de la manipulation, la maltraitance physique et morale. Ce texte est tissé de silences, de solitudes et d'incompréhensions tout en interrogeant une irrépressible fascination devant l'autorité unilatérale et les mensonges grossiers et fantasques. Il faut lire ce roman, de toute urgence.

Éditions de L'Olivier

17,00
Conseillé par (Libraire)
17 août 2015

Un homme embarassé

Situation embarrassante de rentrer un soir chez soi et de trouver un cadavre inconnu allongé dans le salon. Simultanément, Simon expérimente la rupture inopinée avec son épouse. Double embarras. Le lecteur pénètre peu à peu au cœur du problème, Simon également. Très lentement. Il va lui falloir décider, envisager, trouver des solutions, peut-être mentir par omission, affronter le silence, la solitude et surtout le fait d'être lui-même. Un homme seul, encombré, embarrassé. Tout devient soudainement compliqué. Est-ce que tout d'ailleurs n'était pas déjà compliqué dès le départ ? Un roman teinté de noir fort malicieux et drolatique qui révèle une fois de plus tout le talent de Christian Oster.

14,00
Conseillé par (Libraire)
17 août 2015

Une fable lumineuse et mélancolique

Second volet d'une trilogie annoncée, "Fable d'amour" évoque les méandres du sentiment amoureux, une étrange histoire d'amour entre un vieil homme solitaire, reclus du monde et une jeune femme merveilleuse dans sa splendeur, sa féminité et sa vitalité. Après "La petite lumière", l'auteur explore les affres de l'âme humaine confrontées à un sentiment impérieux, celui de l'amour, celui du désir, de la nécessité absolue d'être reconnu, perçu, aimé au-delà de la vie et de la mort. Les passerelles sont tissées, l'amour est admis mais engendre le tumulte intérieur, bouleverse la solitude forcenée et ravage les cœurs et les corps. C'est une belle fable, aussi lumineuse que mélancolique exprimant toute la lucidité de son auteur face aux humains, à leurs souhaits, à leurs renoncements.

Conseillé par (Libraire)
17 août 2015

Un enchantement littéraire

Fable d'amour, fable de l'enfance, fable initiatique, "La Terre qui penche" est un enchantement littéraire, une immersion dans les courbes et les boucles de la Loue, dans le cœur de Blanche, jeune enfant vulnérable et rebelle du Moyen-Age.

"La Terre qui penche" est un fabuleux voyage au cœur d'une contrée abrupte tissée de secrets, un voyage au pays de l'enfance dessinant l'apprentissage du monde adulte et de la cruauté des hommes. Blanche est une jeune enfant fragile, éprise de savoirs et de liberté, abandonnée par son père au Château des Murmures pour y être fiancée. Doublée de son âme fantomatique errante, elle appréhende le monde solitaire de l'enfance face à la folie des adultes, ce besoin incessant de guerroyer et de violence, ce monde des trahisons et des infidélités. Vive et rebelle, elle observe et entend les secrets dissimulés. Blanche est née, elle renaît loin de son père brutal et hautain. Elle s'ouvre aux bouleversements intérieurs, aux émotions intenses, quitte peu à peu son enfermement et se laisse porter par un amour inattendu. Elle entrevoit alors un souffle de connaissances élargies, un chemin vers la liberté et le bonheur serein et trouve réconfort et apaisement auprès de la Loue, sorte de Vouivre mystique qui a le don de parole et d'enveloppement infini. La rivière si belle, si lisse en apparence connaît aussi la fureur et les ruses des hommes et sait se venger des humiliations et des déceptions. Blanche écoute les murmures de l'eau presque maternels et entend son histoire. L'enfant explose et explore les tourments de sa jeunesse empreints de naïveté, de gravité et de violence. Elle est révélée à elle-même face au tumulte intérieur et ses tracas infantiles.
« La cuisinière disait que, dehors, le monde entrait en confusion, que rien ne valait la féerie de l'enfance, que le mieux, pour se tenir à distance de ce siècle chahuté, restait de ne pas grandir, et que, chez elle, dans l'éclaircie, vous seriez à l'abri de l'orage qui grondait ».
Après "Du domaine des Murmures", La Terre qui penche est le second volet des sept portraits de femmes que Carole Martinez consacre au Moyen-Age.

Conseillé par (Libraire)
17 août 2015

Une puissance narrative magistrale

"Délivrances" est un roman grave, lumineux et réaliste, confirmant la puissance narrative magistrale de Toni Morisson sur la société américaine contemporaine et les injures et insultes faites aux exclus et aux faibles.
Comment parvient-on à se libérer des traumatismes de l'enfance ? Comment vivre avec la culpabilité d'être, celle lentement inculquée, diffusée par ses parents, par une mère ? Comment vivre en étant Noire, même la plus belle ? Comment survivre avec le mensonge, dans le mensonge ? Comment aimer sans rejeter ni juger ?

Autant de questionnements qui façonnent ce nouveau et très beau roman de Toni Morrison. Lula Ann, petite fille noire effarouchée, devenue Bride, jeune adulte superbe de beauté et de réussite porte en elle toute la culpabilité d'être, d'avoir été un poids, un fardeau pour sa mère abandonnée par son mari. Elle est celle qui n'est jamais à la hauteur des espérances des siens, toujours dans la faute intime, non partagée, non partageable. Il y a la volonté de faire bien, de faire mieux, de plaire et de séduire mais cela ne suffit jamais. Irrémédiablement exclue et pourtant si docile, si sage, elle quête un amour maternel absolu, un regard de tendresse qui pourraient signifier la confiance et l'existence pleine et sereine. La main n'est jamais tendue, les regards sont absents, détournés. Bride va grandir seule, se forger une personnalité factice, portant en elle le secret d'un mensonge lourd de conséquences. Faut-il détruire autrui pour se construire et se libérer d'un amour jamais advenu ? La parole sera libératrice, les mots même mensongers l'autoriseront à ne plus être enfermée, refermée sur elle-même. Mais Toni Morrison sait traquer les apparences, les non-dits, les termes mensongers implacables et destructeurs. Tout est apparence, le mal réside en dessous, les traumatismes obstruent, le racisme est latent, permanent. L'enfance est si facile à détruire, à briser, à réduire comme l'est et le sera une vie d'adulte. Bride évolue dans un monde adulte, ordonne, décide, règne désormais sur un monde argenté, froid et calculateur mais se sait rongée intérieurement et demeure la petite fille rejetée. Elle demeure une enfant objet, malmenée, maltraitée, mortifiée. Les mensonges et les non-dits pervertissent, influent sur la personnalité et les caractères. Les dégâts sont là, irréversibles.
A travers le personnage de Bride et de ceux qui la côtoient, Booker son amant, Brooklyn, son amie supposée et collègue, Toni Morrison explore de nouveau des thèmes qui lui sont chers et intrinsèques à son œuvre. Si Bride est intérieurement dévastée d'une enfance sombre et maltraitée, perdue dans un manque cruel d'amour maternel, elle est aussi capable de puiser en elle suffisamment de ressources pour survivre et peut-être vivre tout simplement. La rédemption n'est jamais si éloignée. Le cycle de la vie perdure. Il est permis d'exister dans le regard de l'autre et avant tout dans le regard de soi. L'intégrité est sans nul doute un chemin long et difficile à atteindre. La délivrance sera alors possible et éclatante dans la sincérité. Bride pourra se reconstruire, s'affirmer, s'assumer sans mensonge, ni regret, ni déni. Simplement en conscience. Bride est un personnage résolument moderne, ancré dans une société où la faiblesse n'est pas admise, où la discrimination raciale s'éternise, où seul l'argent donne le pouvoir et l'assurance d'être en apparence.