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Brice F.

Conseillé par (Libraire)
19 mars 2022

"Derrière les grandes fenêtres du salon qui donnent sur le fjord, le terrain plat aux abords de la rivière et la ferme de Nes sur l'autre versant, l'air est tellement immobile qu'il semble protester en silence contre toute forme de précipitation. La vie a tendance à ralentir en l'absence totale de vent, elle tient à profiter du moment, à s'en imbiber. À se gorger de ce fjord où la surface de la mer est si lisse qu'elle se change en miroir et que les ceintures rocheuses des montagnes s'adoucissent comme si leur fureur n'était plus qu'un songe lointain. Les montagnes réfléchissent en siècles, et c'est quand il n'y a pas un souffle d'air ou lorsque la tempête se déchaîne qu'on perçoit le mieux la manière dont elles pensent."

Quelque part dans un fjord de l'ouest, sur cette terre d'Islande où la glace est intimement liée au feu des volcans, un homme revient à lui, dépouillé de sa mémoire. Aidé par un bien étrange pasteur, dans cet endroit isolé du reste du monde mais pourtant entièrement connecté à lui, il va par l'écriture tisser un entrecroisement de vies, de personnages, de souvenirs, d'amours et de pertes, de choix et de renoncements. Et combler peut-être cette absence au cœur des ténèbres...

Il y a quelque chose de profondément fascinant, voire même d'un peu miraculeux, dans la capacité de Jón Kalman Stefánsson, à chaque nouveau livre, à toucher un peu plus à la grâce et au sublime...Plongez ici dans un incroyable maelström d'émotions, d'une ampleur folle, comme une tentative démesurée de reconstituer en une mosaïque entière toute la mémoire de l'humanité. Et ce don pour toucher à l'intime, aux finesses et aux complexités de l'âme humaine....Un faiseur de lumière !

Conseillé par (Libraire)
13 mars 2022

Stupeur, du jour au lendemain, et partout sur Terre, les appareils photos et les caméras ne fonctionnent plus ! Ou plutôt si, ils fonctionnent toujours, mais ils ne fixent plus les images des êtres humains...Finis les selfies, les portraits, et les clichés de photos de famille ratés !
Et quelque part dans le Lubéron, témoins de ce bouleversement à l'échelle mondiale, un jeune garçon et ses deux amis, que l'on accompagne de l'enfance à l'âge adulte.
Mais à y bien réfléchir, tout ce qui disparaît finit toujours par réapparaître, d'une façon ou d'une autre, non ? À commencer par cet adolescent qui a perdu ses semelles de vent...

Après Le Dit du Mistral, un des tout premiers coups de cœur de l'Angle Rouge ( prix Première Plume 2020, Prix des Rencontres à Lire de Dax 2020, et Prix du Livre Cogedim Club 2021 ), c'est un véritable plaisir que de retrouver le précieux talent de conteur d'Olivier Mak-Bouchard !
Un véritable plaisir mais aussi une véritable surprise que de découvrir un texte que j'ai trouvé vraiment très différent du Dit du Mistral, et c'est en cela que je suis particulièrement admiratif, parce qu'il nous emmène vraiment ailleurs, à la fois du point de vue narratif, mais aussi de la thématique.
On pense fort à José Saramago, dans cette capacité à partir d'un petit élément déclencheur ( les appareils photos, notre rapport narcissique à la photo, quelle belle idée ! ), et de tirer les fils petit à petit, lentement, patiemment, et de voir où cela nous conduit.

C'est une fable oui, peut-être, c'est doux, c'est tendre, ça parle de l'enfance, de l'insouciance, mais aussi de l'inévitable peur du basculement dans le monde des "Grands" où vivent les ombres, les peurs, la haine de l'autre qui floute bien mal celle que l'on a de soi. Au point qu'en voulant faire disparaître l'Autre, on disparaît soi-même.

Un coup de cœur marqué encore du soleil du Lubéron, dans la langue et les images, à l'imagination bienvenue, et qui nous est donné à lire peut-être au meilleur des moments...
Et quel bel objet, merci au Tripode et à Philleas Dog !

B.

21,00
Conseillé par (Libraire)
19 janvier 2022

Pour leur 100e publication, les merveilleuses éditions de la Contre-Allée nous offrent un véritable cadeau.
J'ai été complètement emporté par le souffle de ce premier roman, la langue flamboyante qui dessine tout à fait un monde que l'on sait disparu peut-être, saisi ici dans son entièreté et dans toute sa singulière beauté.
Roman d'aventures, roman d'apprentissage autant que d'initiation, l'Arbre de colère est organique, charnel, rempli de vie, de sons, de couleurs, d'imagination. Dans le magnétisme des forêts, la vivifiante palpitation de la vie animale, la puissance des éléments, le charisme et la force de son héroïne, Guillaume Aubin offre des excitations de lecture comparables à celles que j'avais ressenties avec "l'Homme qui savait la langue des serpents, d'Andras Kivirahk".
Et ce n'est pas peu dire...

Conseillé par (Libraire)
12 janvier 2022

Magistral récit d'une débâcle

Avec toujours la même virtuosité dans l'écriture, la même sensibilité à s'emparer d'un sujet, Éric Vuillard se glisse dans les interstices de l'Histoire, ici celle de la guerre d'Indochine.
Portraits au vitriol de ces hommes de pouvoir bouffis de suffisance, dont les lourds fessiers sont tant coincés dans les étroits sièges de l'Assemblée Nationale qu'ils les privent de toute raison, de toute lucidité, de toute humanité.
Récit de ces batailles, de ces défaites, ou plutôt de la protection d'intérêts économiques et personnels qui justifie l'asservissement forcé d'un peuple. Ou "comment nos héroïques batailles se transforment les unes après les autres en sociétés anonymes".
Bout de l'Histoire, aussi, et avant tout, de ce petit pays qui tint en échec coup sur coup deux des plus puissantes nations mondiales.
Sans jamais perdre une seule fois le fil de son récit, avec sa maîtrise magistrale des mots, son sens de la formule, de la dérision qui souligne l'abject, Éric Vuillard nous livre un grand texte, nécessaire et souvent jubilatoire, et d'autant plus en ces temps saturés par le culte d'un fantomatique roman national.
Pour moi, le vrai évènement de ce début d'année littéraire.

Conseillé par (Libraire)
5 janvier 2022

" Que ça doit être bon d'être le plus grand guerrier du monde. "

En choisissant avec malice le prisme du conteur pour nous raconter l'histoire du plus grand héros de la mythologie celtique, - figure tutélaire de l'Irlande, incarnation de l'hubris, de la furor guerrière et de la virilité exacerbée -, Camille Leboulanger déconstruit le mythe en même temps que se construit l'homme. Et lorsque le souffle épique se repose un temps, le miroir de la légende nous donne à voir la folie de la masculinité toxique, pour mieux repenser la figure du héros qui habite notre imaginaire. Passionnant !