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Formosana, Histoires de démocratie à taiwan

Stéphane Corcuff

Asiathèque

  • Conseillé par
    9 février 2021

    9 nouvelles d'écrivains taïwanais, toutes écrites après 1987, année d'un soulèvement populaire contre les abus des représentants de la Chine qui administraient Taïwan depuis 1945. Terrible répression (30 000 morts) et levée de la loi martiale en juillet 1987.

    - C'est la faute de la statue de Wallis Nokan (traduit par Coraline Jortay)

    - Libellule rouge de Lay Chih-ying (traduit par Damien Ligot)

    - Fleurs dans la fumée de Yang Chao (traduit par Stéphane Corcuff)

    - Mon frère le déserteur de Wube (traduit par Emmanuelle Péchenart)

    - 1987, une fiction de Lai Hsiang-yin (traduit par Matthieu Kolatte)

    - Les titi de Chen Yu-hsuan (traduit par Emmanuelle Péchenart)

    - La nuit du repli de Chou Fen-li (traduit par Luci Modde)

    - Un cabiaï de Huang Chong-kai (traduit par Lucie Modde)

    - L'homme aux yeux à facettes de Wu Ming-yi (traduit par Gwennaël Gaffric)

    Neuf nouvelles et neuf auteurs très différents qui montrent la variété de la littérature taïwanaise. Les histoires peuvent être très réalistes ou flirter avec un côté plus oniriste. Elles sont rarement directes, elles prennent des chemins détournés pour dire la vie dans l'île, les différentes périodes d'occupations japonaise ou chinoise et la toujours très large influence chinoise. Parfois, le langage est cru, mais toujours empreint d'une élégance et d'une poésie. Comme aurait dit Molière : "Qu'en termes élégants ces choses-là sont mises !"

    Ce qu'on retient bien c'est que Taïwan est diverse et riche, de par les origines de ses habitants, leur culture, leurs us. Mais tous veulent y vivre en paix et tous ont quelque chose à en raconter. Une lecture plus politique qu'un autre recueil situé dans la même île, Taipei, histoires au coin de la rue. Les deux se complètent.

    L'avantage de confier le travail de traduction à plusieurs -comme dans l'autre ouvrage- c'est que l'on ressent bien cette diversité et cette richesse. Toutes les nouvelles ne touchent pas de la même façon, certaines m'ont moins plu, mais toutes apportent quelque chose à la connaissance de l'île. De même, il n'est point superflu de lire la préface de Stéphane Corcuff qui situe Taïwan géo-politiquement et littérairement et qui aidera à la compréhension des textes qui suivent, ni la chronologie de Gwennaël Gaffric pour l'histoire du pays ni la post-face du même auteur pour affiner et aller un peu plus loin et dans laquelle on trouve cette phrase qui conclura ma recension : "A l'heure où la prise de parole est souvent réduite à son strict minimum (une phrase, un tweet, un post, un court montage vidéo), la parole littéraire, et la fiction en particulier -devenue minoritaire aujourd'hui alors même que la société produit et consomme toujours plus de fictions- semble plus que jamais essentielle." (p.286)