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    25 mai 2013

    Sur les traces du sang bleu...

    Encore un nouvel auteur de fantasy française qui se lance dans l'aventure, et cette fois-ci, il nous vient de chez l'Atalante, qui nous avait offert de belles surprises l'année dernière. Premier d'un cycle prévu en sept tomes (on peut dire que l'auteur voit grand et fait preuve d'ambition d'entrée de jeu), "Les sept royaumes" ne voit ébouriffera pas... par son titre (plus que convenu), ni... par son début (qui manque de dynamisme). Mais si vous persévérez au-delà des quelques 150 premières pages (quand même), vous tomberez vite d'accord avec la maison d'édition qui nous le vend comme un petit bijou dans le genre. Oui, ce premier tome possède tous les ingrédients d'un futur grand (je l'espère).

    De prime abord, l'intrigue ne nous émeut pas plus que cela. L'auteur nous propose un mystère certes, mais la narration prend son temps et les événements avancent lentement. La traque commence et les pièces de l'échiquier se mettent en place tout doucement. J'avoue que j'ai trouvé le début du roman très mollasson, il ne se passait pas grand-chose et la mise ne place n'était guère palpitante. J'en suis même venue à me demander ce qui avait pu plaire autant. Passé ce cap, le protagoniste principal, un garde ce qu'il y a de plus lambda, voire insignifiant et inintéressant, commence à se révéler sous nos yeux et son périple devient le nôtre, au point que l'on en vient à ne plus lâcher le bouquin... Du coup, on en félicite l'auteur, qui réussit le tout de force de nous subjuguer par sa construction machiavélique. Les événements et autres mystères se révèlent au final, adroitement agencés, tel qu'on salue le talent qu'a Régis Goddyn de nous prendre de court au fur et à mesure du récit. La plume est élégante, soutenue sans être empesée et l'auteur manie les mots avec doigté. Les événements se précipitent et la tension monte crescendo, de même que l'humour pointe le bon de son nez, une relative "paix" s'installant vers le milieu du récit. Une paix trompeuse lorsque le récit bascule vers l'horreur et que la vérité éclate au grand jour...

    L'ambiance médiévale qui emprunte finalement très peu à la magie (qui reste très subtile dans l'univers construit), fait la part belle aux intrigues de pouvoir, chacun œuvrant pour son propre bénéfice. Ceux que l'on croie tirer les ficelles en premier lieu, se voient reléguer en second plan et les complots politiques passent au premier plan. Régis Goddyn nous offre d'ailleurs un univers détaillé, pensé dans ces moindres détails (historique, politique, géographique et j'en passe). Bref, il y a de quoi faire. Quelques originalités sont au cœur de ce premier tome, avec notamment l'origine du sang bleu et l'auteur se paie même le luxe d'amener une réflexion sur le pouvoir et la monarchie (avec ses traditions de succession filiale). Les personnages secondaires sont cependant un peu fades. Seuls Rosa et Orville sont réellement intéressants. Un choix délibéré je pense, au vu des nombreux prochains tomes. Néanmoins, ces deux premiers rôles sont savoureux, juste ce qu’il faut. Une aura de mystère enveloppe les deux protagonistes, qui font preuve d'ingéniosité et qui prennent leur destin en main, une fois abandonnés de tous. Orville nous étonne par sa complexité, et ses différentes facettes se dévoilent lorsque les choses se corsent. J’espère que la personnalité de Rosa, un peu en retrait dans ce premier tome, viendra à s’étoffer par la suite. Bref, une très bonne découverte dont j’attends la suite de pieds fermes !