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Crème anglaise

Kate Clanchy

10-18

  • Conseillé par
    14 octobre 2015

    Londres nous voilà

    Struan est un cœur pur. Une espèce d’ingénu. Il est écossais et, à 17 ans, n’a jamais dépassé les frontières de son pays, voire de sa ville. Il est aussi brillant et l’un de ses professeurs, impressionné par ses talents multiples, lui suggère de réfléchir sérieusement à une petite annonce qu’il a repérée : « Géant de la littérature recherche jeune homme pour pousser sa chaise à roues. Logé, nourri, chambre individuelle à Hampstead. » Ce géant de la littérature n’est autre que Philip Prys, un auteur victime d’un AVC, que Struan a lu et qu’il admire. Hampstead est un quartier chic de Londres. Il n’y a pas à hésiter. Le voici débarqué dans cette ville légendaire qui ne ressemble en rien à ce qu’il avait imaginé : les passants ici ne sont ni excentriques, ni très affables. Il ne perd rien pour attendre. En arrivant dans la famille du dramaturge, il comprendra vite que les Londoniens sont assurément des individus très étranges. Naïf, serviable, il ne veut juger personne, ni la cupide ex-femme de Philip, ni sa fille, obèse et sournoise, ni la nouvelle épouse, jeune, belle et mystérieuse, ni même Philip avec qui il tente de communiquer. Tandis que Struan évolue pas à pas et qu’il commence à comprendre la complexité des êtres, le monde, lui, se métamorphose. Nous sommes en 1989, l’année où les murs s'écroulent et les tyrans sont fusillés. L’année d’une terrible canicule où peu à peu les masques vont tomber. Et le jeune homme découvrira que derrière se cachent parfois de bonnes surprises.

    " Crème anglaise " est un roman drôle et féroce qui raille une société londonienne arrogante, sûre de son fait avec son lot d’enfant gâtés, de femmes vénales, d'égoïstes impénitents. Struan n’est peut-être qu’un provincial qui ne sait ni s’habiller, ni se coiffer, un garçon sans doute un peu désuet, mais son influence, à peine visible, transformera la vie des autres. La sienne en sera, assurément, bouleversée.

    Kate Clanchy, née en Écosse, se serait inspirée de sa propre arrivée à Londres à la fin des années 80 pour écrire ce tout premier roman. On comprend mieux pourquoi son ton, moqueur mais tendre, sonne si juste. 

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  • Conseillé par
    25 avril 2015

    Un régal !

    Pour cette nouvelle étape : arrêt à Cuik, petite ville écossaise située dans les Lowlands (les Basses Terres), beaucoup moins connues que les Highlands, synonymes pour beaucoup de châteaux, de lochs, de kilt et de tartan.

    Struan, jeune autochtone de dix-sept ans, brillant lycéen,s'est attiré la sympathie d'un de ses professeurs Ron Fox, Londonien "exilé " pour une année en territoire hostile. Son élève l'a protégé de ses camarades de classe qui n'auraient fait qu'une bouchée de cet enseignant, qui réduit leur identité écossaise à une série de clichés. Ron Fox lui fait part d'une annonce parue dans la London Review of Books : "Géant de la littérature recherche jeune homme pour pousser sa chaise à roues. Logé nourri, chambre individuelle à Hampstead, environnement culturel passionnant. Salaire modeste. Idéal année sabbatique. Envoyer candidature Boîte Prys 4224XXC". Ce serait l'occasion pour Struan de découvrir Londres et qui sait, ce monsieur Prys est peut-être le Philipp Prys, auteur de la pièce Mineurs de fond qui lui a valu un A+ au Higher.

    Notre "Candide" débarque donc au début de l'été 1989 dans un Londres qui se liquéfie sous la canicule. Il a la tête farcie d'idées toutes faites sur la ville et ce n'est pas sans une certaine appréhension que "Struan approcha un doigt écossais tout propre de la sonnette ternie " de la maison de Yewtree Row. Très rapidement, il se rend compte que sa tâche ne va pas être aisée. L'entourage de Philipp Prys, devenu invalide suite à une attaque cérébrale, lui apparaît des plus étranges. Il fait la connaissance de Shirin, la très jeune épouse de l'écrivain. Elle est ravissante, aussi petite et raffinée que les miniatures qu'elle peint en utilisant la salle de bain comme atelier. A côté d'elle, l'omniprésente Myfanwy, ex-épouse, a le physique adipeux d'une sumotori féminine. Elle rôde, tel un vautour, guettant les derniers instants de l'écrivain pour récupérer cette maison, qu'elle considère toujours comme la sienne. Ses deux enfants Juliet, petite boulotte très attachante, et Jack, jeune branché "cocaïné" vont aussi compliquer le job de Struan qui va devoir composer entre les soins à apporter au malade et les interventions souvent intempestives des membres de la famille.

    La métamorphose de Struan, qui perd peu à peu son aspect provincial, sa gaucherie adolescente et ses préjugés d'écossais bon teint (à savoir une pâleur maladive liée à une météo peu clémente ;-)) est un des intérêts de ce roman. C'est loin d'être le seul. Le lecteur s'intéresse aussi à Philipp, à cet homme enfermé dans un corps inerte, découvrant avec effroi cet état de "légume" conscient. Myfanwy, femme que la vie a épaissie et aigrie, Shirin, beaucoup moins angélique que son apparence le laisse supposer, Juliet et Jack, les deux rejetons de l'écrivain , sont l'occasion pour Kate Clanchy de brosser des portraits d'une savoureuse cruauté.

    Un conseil,ne ratez pas cette "crème anglaise" à accompagner bien sûr d'un shortbead !