Pour ce premier essai, Margaux Cassan a choisi de nous dresser le portrait à la fois critique et empathique d’un philosophe peu connu du grand public, d’apparence austère, qui a toujours échappé aux phénomènes de mode.

Et pourtant, Paul Ricoeur a, à n’en pas douter, marqué profondément son époque par ses engagements, par sa détestation des conflits et de la violence, par ses combats, ses erreurs et parfois ses désillusions, par sa foi aussi.

Personnage complexe qu’un pacifisme forcené conduira à des liaisons dangereuses en 1940, puis à un anticolonialisme militant plus tard, puis encore à un légalisme décalé en 1968, Paul Ricoeur n’a, au fond, jamais cessé de se remettre en cause.

Margaux Cassan, jeune philosophe elle-même inétiquetable, passant aisément de la rigueur protestante à l’insolence anarchiste, prend un réel plaisir à nous faire partager, avec talent, le cheminement intellectuel de ce penseur constant dans ses valeurs, mais fluctuant dans ses engagements.

Plus qu'une biographie, Laure Adler, amie de très longue date de Françoise Héritier, nous propose, à travers ce livre tout à fait facile d'accès, d'entrer dans le cheminement intellectuel qu'a parcouru l'anthropologue tout au long de sa vie, qu'on ne peut dissocier de ses engagements politiques et sociétaux qui prirent de plus en plus d'importance au fur et à mesure que les années passaient.

Mais à travers les lignes de l'autrice transparaît à chaque instant l'immense respect et la sympathie que suscitait Françoise Héritier à toutes celles et ceux qui ont eu la chance de la rencontrer.

Laure Adler nous offre un très beau livre sur cette brillante et passionnante chercheuse, résolument tournée vers l'avenir jusqu'au bout de sa vie, malgré les épreuves, et malgré la redoutable maladie qui l'a rongée pendant plus de trente ans.

Etonnante histoire que cette "famille", en fait un regroupement de plusieurs familles remontant au XVIIIe siècle, dont les règles ont fluctué au cours du temps, parfois de façon naturelle pour s'adapter à l'époque, parfois sous la pression d'un leader plus charismatique que les autres. D'obédience mi-juive mi-chrétienne, la constante, en tout cas depuis le XIXe siècle, c'est la consanguinité.

Suzanne Privat, à partir de nombreuses sources trouvées sur Internet, a effectué une enquête extrêmement fouillée et minutieuse, qui lui a permis de rencontrer plusieurs témoins directs de cette communauté à la fois secrète mais pourtant intégrée dans le monde où elle vit, qui semble bien proche d'une secte sans en présenter pourtant toutes les caractéristiques, et qui regrouperait aujourd'hui environ 3000 personnes vivant essentiellement dans le nord-est parisien et la proche banlieue.

Intrigant et inquiétant…

Par ce texte court, mais très incisif, Edgar Morin met en évidence, à partir de ce que ses 102 ans de vie sur terre lui ont enseigné, les dangereux mécanismes de radicalisation qui conduisent au pire.

L’histoire montre que, lorsqu’un conflit couve, les attitudes manichéistes qui se développent dans les deux camps conduisent, de façon souvent irréversible, à l’escalade de la violence et à la guerre.

Le conflit actuel n’échappe pas à cette règle. Edgar Morin dénonce le fait que les informations partiales et partisanes circulent aussi bien du côté de la Russie que du côté de l’Ukraine et de ses alliés. Elles contribuent à dresser les peuples les uns contre les autres en attisant des haines durables et dangereuses, car possiblement génératrices, dans le futur, de nouvelles guerres encore plus meurtrières.

Certes, ce point de vue dérange, et en dérangera plus d’un (l’auteur a notamment essuyé une critique acerbe, voire agressive de la part d’un grand quotidien français généralement plus inspiré, qui a publié un article restituant une image bêtement primaire et caricaturale de l’ouvrage.)

Pourtant, l’histoire donne, hélas, raison à ce livre courageux et réaliste, qui nous rappelle que, au-delà des passions, des différences, des oppositions, la recherche de la paix doit rester la priorité.

A travers un récit qui s’étale sur vingt ans, non chronologique mais très habilement construit, l’auteur nous narre l’histoire d’un trio, Clarisse, Franck et Simon, que le hasard a fait se rencontrer dans leurs jeunes années.

Malgré des origines différentes, des tempéraments dissemblables, des destins divergents, ils construiront, pourtant, une histoire commune jusqu’à la mort de Franck. La mort de Franck qui marque, à la fois, le point de départ et la fin du roman.

Dès les premières pages, le lecteur est rapidement emporté par les relations tourbillonnaires de ces trois êtres perdus, chacun à leur manière, dans un monde où ils ont du mal à trouver leur place, et qui, malgré les aléas de la vie, malgré des séparations plus ou moins longues, ne cesseront jamais d’être liés par de troubles amitiés amoureuses jusqu’à la fin tragique de l’un deux.

Un premier roman d’une grande maturité, d’une grande sensibilité aussi, tout au long duquel la violence de la vie cohabite avec la douceur des sentiments.