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Lucia Antonia, funambule

Daniel Morvan

Zulma

  • 8 janvier 2014

    Lucia Antonia et Arthénice sont deux jeunes femmes funambules. Jumelles mais pas soeurs, non... elles sont juste nées le même jour. Dans le cirque d'Alcibiade, le grand-père de Lucia Antonia, elles marchent toutes les deux sur le fil... jusqu'à la chute mortelle d'Arthénice.
    Lucia Antonia se voit contrainte de quitter le cirque. Sur une presqu'île, elle raconte des bribes de sa vie sous forme de fragments. Elle mène une double vie dans sa vie, double sang dans son cœur, la joie avec la peine, le rire avec les ombres.
    La beauté du récit fragmentaire de Lucia Antonia nous émerveille. La parole d'une jeune femme endeuillée, taciturne. Lucia Antonia est comme le loup : le feu coule dans ses veines, il remonte aux yeux mais rien pour les lèvres. Elle passe du fil à l'encre dans une jolie prouesse poétique.

    Daniel Morvan maîtrise l'art de la légèreté, de la beauté elliptique. L'amour réside dans les détails du quotidien auprès d'Arthénice avant que les cendres ne retombent sur elles.

    Un joli livre onirique comme un subtil écho à "La Folle Allure de Christian Bobin".


  • Conseillé par
    6 novembre 2013

    "Parce que ma famille m’a bannie et parce que je me suis bannie moi-même pour ne pas porter malheur au cirque" : Lucia Antonia funambule a quitté le cirque familial après le décès d’Arthénice. Sa jumelle de cœur, sa partenaire, son autre moi. Désormais, Lucia Antonia vit sur une presqu’île. Dans ce lieu de salines, entre mer, terre et ciel, elle se noue d’amitié avec des réfugiées Eugénie et sa fille Astrée qui ont fui la guerre, un peintre et un garçon voilier.

    Lucia Antonia écrit sur un carnet ses pensées, remonte le cours de sa mémoire et celle de sa famille, mais aussi décrit son présent. Dans ce roman tout est dévoilé par petites touches où Lucia Antonia nous fait découvrir le monde des funambules et des trapézistes, du spectacle qu’elles offraient elle et Arthénice en évoluant dans les airs. Lestée du décès d’Arténice dont elle se sent responsable, elle n’a plus l’équilibre pour remonter sur un fil. Des courts fragments où le deuil et la douleur s’affichent en retenue comme l’histoire de sa famille ou de sa nouvelle vie. Le lecteur suspendu flotte au gré des mots de Lucia Antonia mais sans se perdre. Ces mots consignés par écrit vont lui permettre de retrouver la force de se reconstruire.

    Un roman de toute beauté, d’une grâce aérienne portée par une écriture elliptique, visuelle et poétique. Lumineux et d'une douceur incandescente par la simplicité de son élégance. J’ai été plus que touchée !


  • Conseillé par
    9 octobre 2013

    Zulma a l'habitude de concocter de belles surprises. Ce roman ne dérogera pas à cette règle. A condition d'aimer les livres qui ne racontent pas forcément une histoire avec un début et une fin, d'aimer être surpris et prendre son temps. Car c'est une histoire qui ne se presse pas, des personnages qui prennent le temps de réfléchir sur leur vie actuelle, passée et future. Lucia Antonia rencontrera Eugénie et sa fille Astrée, deux réfugiées, un garçon voilier qui lui tend ses fils et un peintre poursuivi par le souvenir d'un ancien modèle. Tous vont lentement. Tous ont des envies, des souhaits, des désirs qu'ils expriment plus ou moins, des soucis dus à leur art, à leur passé d'artiste ou d'émigrées. Ils se rencontreront pour tenter de repartir ensemble ou chacun de leur côté.

    Daniel Morvan écrit un texte plein de douceur, de calme, une sorte d'oasis de quiétude dans les moments d'intensité, de course parfois un peu vaine que l'on peut vivre au quotidien. Un livre qui prend son temps et nous fait prendre le nôtre ! L'auteur procède par ellipses. En le lisant, on ne visualise pas un film, mais plutôt des images arrêtées, à nous de faire le lien ensuite entre icelles, ce qui est automatique et sans effort. Lucia Antonia parle indifféremment de son présent, d'Eugénie, d'Astrée du peintre ou du garçon voilier, mais aussi de son passé avec Arthénice, de l'avant-accident et de son aïeul Alcibiade (son arrière-grand-père) qui écrivait lui aussi sur des carnets, le créateur du cirque et sorte de dandy de son époque.
    C'est un récit qui avance par petites touches, 170 chapitres (écrits en chiffres romains = CLXX) pour 128 pages, avec des titres explicites qui permettent de se repérer dans le temps. Un livre superbement écrit, hymne à la liberté, la nature et la vie. Poétique. Onirique. Merveilleux. Lisez, par exemple, comment Daniel Morvan parle des marais salants :
    "Sitôt les vannes ouvertes, l'eau se déploie en draperies cuivrées sous lesquelles la plaie séchée des sols craquelés cicatrise. De longues silhouettes arpentent les salines. Une main balaie la surface de l'eau et récolte le premier sel." (p.46)
    Ou comment Lucia Antonia parle de son amour pour Arthénice sa presque-sœur et pour son art le funambulisme :
    "Le fil est pour moi le lieu de la tranquillité et de la nuit. C'est sur le fil que je suis le plus proche d'Arthénice. J'y marche comme dans une forêt sans voûte étoilée pour l'éclairer. Toute pensée s'absente alors et je ne suis plus que mes pas sur un chemin de quatorze millimètres." (p.86)
    "Un enchantement de lecture" est-il écrit sur le rabat de la première de couverture. Enchantement que je partage entièrement auquel je rajouterai même un ravissement. Et comme toujours, chez Zulma, la couverture est superbe et le livre (papier, mise en page, police d'écriture, aération du texte, ...) est un très bel objet.